Travail & Sécurité (le mensuel de l’INRS[1] sur la prévention des risques professionnels) évoque une étude épidémiologique réalisée par la Fondation Pierre Deniker[2] et présentée fin 2018 au Conseil économique, social et environnemental[3]. Portant sur un échantillon représentatif de 3 200 personnes actives (et un échantillon supplémentaire de 200 actifs du secteur du BTP, « recruté pour pouvoir effectuer des analyses spécifiques à cette population »), cette enquête est « l’une des premières croisant en France l’évaluation d’une détresse orientant vers un trouble mental et l’exposition à des facteurs de risques psychosociaux liés au travail.
Psychiatre impliqué dans cette recherche, le Dr Patrick Légeron rappelle notamment l’évolution observée dans ce domaine : parallèlement à la « diminution globale des accidents du travail », on déplore cependant « dans le même temps une progression constante des pathologies mentales liées au travail. » Mais malgré son impact marqué pour la société, cette problématique psychiatrique à connotation professionnelle « ne mobilise pas suffisamment » l’attention. Principal enseignement de cette étude : 22 % des Français actifs (soit plus d’un sur cinq) présentent une détresse orientant vers un trouble mental. Les catégories de la population les plus concernées sont :
–les personnes qui passent plus d’1h30 par jour dans les transports (28 %, versus 21 % quand le temps de transport est inférieur à 1h30) ;
–les personnes aidant un membre de leur entourage souffrant d’une perte d’autonomie ou d’une affection chronique (28 %, versus 19 % chez ceux qui n’ont pas cette responsabilité) ;
–les femmes (26 %, versus 19 % chez les hommes).
Pour l’ensemble des actifs, on constate que le facteur de risque psychosocial le plus fortement associé à une détresse orientant vers un trouble mental est le déséquilibre entre vie privée et vie professionnelle. Ainsi, 15 % des travailleurs déclarent « ne pas pouvoir mener de front vie professionnelle et vie personnelle » et, dans cette catégorie, 45 % expriment « une détresse orientant vers un trouble mental », contre seulement 18 % des actifs n’ayant pas cette difficulté. Et, chez les femmes actives, deux autres facteurs de risques sont susceptibles d’être associés à un trouble d’ordre psychiatrique : « avoir un travail non valorisant et le harcèlement. »
Pour les initiateurs de cette étude, celle-ci doit permettre d’approfondir la connaissance des « liens entre troubles mentaux et facteurs de risques psychosociaux. »
[1] Institut National de Recherche et de Sécurité : http://www.inrs.fr/
Dr Alain Cohen
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