À propos de : Yves-Marie Bercé, Esprits et démons. Histoire des phénomènes d’hystérie collective, Vuibert ; Hervé Guillemain, Schizophrènes au XXe siècle. Des effets secondaires de l’histoire, Alma
par , le 3 juin
Deux ouvrages récents se penchent sur des maladies mentales au caractère collectif : schizophrénie et hystérie. On y découvre des sujets taciturnes au corps qui parle.
Deux historiens publient chacun un ouvrage sur une maladie mentale dont le caractère collectif, voire massif, a attiré leur attention. Dans Schizophrènes au XXe siècle, H. Guillemain nous apprend que la schizophrénie est « la plus grande pourvoyeuse d’hospitalisation psychiatrique du XXe siècle », tandis que Y.-M. Bercé, s’il peut évoquer au passage les vapeurs et pamoisons de certaines femmes dans les salons, s’intéresse essentiellement à ces épidémies collectives que représentent les grands épisodes hystériques. Mais il est trois différences intéressantes entre les deux ouvrages. D’abord, H. Guillemain se limite au XXe siècle pour mettre en lumière les conditions de félicité de la constitution de la schizophrénie comme maladie – et cette limitation l’aide à en trouver un certain nombre. Y.M. Bercé remonte pour sa part au XVIe siècle et entend s’arrêter vers 1850 - c’est-à-dire avant Charcot et Freud, nous dit-il – et cette plus ample profondeur historique donne à l’ensemble de l’ouvrage un caractère plus descriptif et moins explicatif.
La démarche d’H. Guillemain, en second lieu, se veut clairement constructiviste : il s’agit d’identifier ce qu’à un moment donné et dans des lieux donnés on a identifié comme des symptômes de schizophrénie. Ce qui l’intrigue avant tout, c’est le « succès » de la maladie – qui est d’abord celui d’une nosographie qui en détrône d’autres (la mélancolie, l’hystérie) – et son déclin relatif au cours du XXe siècle.
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