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mercredi 13 mars 2019

Santé mentale. « La culture pop permet de lever des tabous »

Le Télégramme
Publié le 13 mars 2019

Jean-Victor Blanc est médecin psychiatre et exerce à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris.
Jean-Victor Blanc est médecin psychiatre et exerce à l’hôpital Saint-Antoine, à Paris. (DR)

Aborder la psychiatrie à travers le prisme de la pop culture. Tel est le pari de Jean-Victor Blanc, médecin psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine à Paris. Il est invité par l’Échonova pour une conférence à Saint-Nolff, ce jeudi 14 mars, en amont des semaines d’information sur la santé mentale. Ou comment films et séries représentent, plus ou moins fidèlement, les troubles psychiques. 


Pourquoi avoir choisi la culture pop (films, séries, musique) pour traiter des troubles psychiques et de la psychiatrie ?

L’idée de cette conférence, c’est de pouvoir parler différemment de santé mentale, de manière ludique et moins anxiogène. Traiter de ces questions à travers la culture pop permet d’attirer un autre public. La conférence s’appuie sur des films, des séries, des musiques et des prises de parole de célébrités, afin d’augmenter les connaissances du grand public et diminuer la stigmatisation de ces troubles.
Tout dépend des pathologies et des œuvres. Mais les troubles psychiques sont assez mal représentés. Ils sont souvent déformés, montrés de manière négative, violente ou anxiogène. Ces représentations faussées ont un impact négatif auprès des patients, mais aussi de l’entourage.


Certaines représentations à l’écran sont-elles plus fidèles selon les pathologies ?

Concernant le trouble bipolaire, depuis une quinzaine d’années, les représentations sont plus nombreuses et plus réalistes. Cela présente un intérêt, notamment pour les patients, dans l’appropriation de son diagnostic. Sa pathologie ne lui est plus totalement inconnue. D’autres troubles, au contraire, pâtissent de leur mauvaise représentation. Ainsi, la schizophrénie est très souvent dépeinte comme violente, dans un amalgame avec la psychopathie et la figure du serial killer. Enfin, si la dépression concerne environ un Européen sur sept, elle reste sous-représentée.
Être bipolaire, ce n’est pas une identité, ce n’est pas être tout le temps malade.


Les représentations que véhicule la pop culture profitent-elles au grand public ?

Spectateurs et téléspectateurs sont moins dans l’inconnu face aux troubles psychiques, moins connotés négativement. Cela participe de la diminution des craintes. Par exemple, le film « Happiness Therapy », sorti en 2012, traite du trouble bipolaire, mais demeure une comédie romantique assez classique. La bipolarité est un aspect de l’œuvre, mais pas son sujet central. De même, le personnage incarné par Bradley Cooper n’est pas uniquement caractérisé par sa bipolarité. C’est le message positif que nous tenons au patient : être bipolaire, ce n’est pas une identité, ce n’est pas être tout le temps malade.


Des célébrités parlent ouvertement de leurs troubles psychiques. Cela change-t-il les regards sur ces pathologies ?

Ces prises de parole rendent compte d’une réalité statistique. Les troubles psychiques concernent une personne sur cinq en France. Il n’y a aucune raison pour que le monde des arts ou de la politique soit épargné. Ensuite, ces prises de paroles, assurées d’une large audience, mettent en lumière le trouble dont souffre la célébrité. Ainsi l’actrice Carrie Fisher a souvent abordé sa bipolarité de manière humoristique. Mariah Carey ou Catherine Zeta-Jones ont aussi eu des prises de paroles courageuses. Parler de ces troubles, c’est leur donner une visibilité et lever les tabous qui entourent la santé mentale.


Pratique
Conférence « Culture pop et psychiatrie », jeudi 14 mars, 19 h. La Petite Scène, Saint-Nolff. Entrée libre. Rens. : Culture pop et psychiatrie

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