Après l'annonce par Emmanuel Macron d'une initiative "d'ampleur" pour la psychiatrie à l'automne, les acteurs de la discipline souhaitent en savoir davantage et veulent être reçus à l'Élysée pour faire entendre leurs propositions.
Dans un courrier du 12 mars, les représentants d'une vingtaine* de syndicats et d'associations en lien avec la psychiatrie — au titre notamment des directeurs et présidents de commissions médicales d'établissement (CME), professionnels de santé (psychiatres, infirmiers), psychologues, usagers et familles — demandent à être reçus à l'Élysée à la suite de récentes déclarations d'Emmanuel Macron. Interpellé lors d'un débat sur des problématiques en santé mentale en Gironde fin février, ce dernier a en effet annoncé que des travaux devraient être finalisés pour l'automne pour "réinvestir" dans la psychiatrie et lui "redonner des perspectives". Mais cette "initiative d'ampleur" promise reste pour l'heure sans précision.
Les signataires indiquent au président qu'ils ont "été sensibles à ces propos d'autant que de nombreux chantiers actuellement en cours" — dans le cadre du comité de pilotage (Copil) national de la psychiatrie auprès de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, auxquels ils participent "activement" — s'inscrivent "dans cette échéance et dans cet esprit". À titre d'exemple, les référents-rapporteurs de la thématique hospitalisation du Copil ont présenté en interne en décembre 2018 un ensemble de propositions sur cinq sujets prioritaires (information des patients, formation des professionnels, adaptation de l'architecture, psychiatrie des adolescents, hospitalisation des adolescents), a indiqué en mars à Hospimedia l'un de ces rapporteurs. Un plan d'action en plusieurs axes dévoilé en juin dernier est également en cours pour lutter contre le recours à l'isolement et à la contention (lire notre article).
Les auteurs du courrier rappellent à Emmanuel Macron leurs interpellations récurrentes, notamment à la veille du discours présidentiel annonçant la stratégie Ma Santé 2022 en septembre dernier, sur la "gravité de la situation d'urgence républicaine que connaît la psychiatrie" (lire notre article). Le président avait alors promis des "mesures d'urgence" pour les établissements psychiatriques, sans précision à l'époque (lire notre article).
"Depuis votre discours à l'Élysée, un certain nombre de signaux très positifs ont ainsi été donnés par [Agnès Buzyn], tels que la préservation de moyens dédiés, une enveloppe budgétaire supplémentaire, la création du fonds d'innovation organisationnelle", écrivent-ils. Sans oublier, ajoutent les signataires, la désignation d'un délégué ministériel à la psychiatrie et la santé mentale — dont la nomination est d'ailleurs toujours attendue à ce jour.
À ce stade, les acteurs de la psychiatrie souhaitent rencontrer Emmanuel Macron pour lui "faire part directement" de [leurs] questionnements, inquiétudes [...] et espoirs". Les choix et arbitrages "qui seront faits en la matière dans les mois qui viennent seront déterminants", insistent-ils, pour doter "enfin [le] pays d'un dispositif de prévention et de soins en psychiatrie répondant véritablement aux attentes des patients et de leurs proches".
- * Les organisations signataires sont les suivantes : l'Association des établissements du service public de santé mentale (Adesm), Avenir hospitalier, le Syndicat national des médecins, chirurgiens, spécialistes, biologistes et pharmaciens des hôpitaux publics (Snam-HP), le Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH), l'Intersyndicale des praticiens hospitaliers de France (INPH), la Coordination médicale hospitalière (CMH), la Confédération des praticiens hospitaliers (CPH), le Syndicat des psychiatres d'exercice public (Spep), l'Intersyndicale de la défense de la psychiatrie publique (Idepp), la Conférence nationale des présidents des commissions médicales d’établissement (CME) de CH, la Conférence nationale des présidents des CME de CHU, la Conférence nationale des présidents de CME de CH spécialisés, la Fédération française de psychiatrie (FFP), l’Association des secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire (ASPMP), le Collège national des universitaires de psychiatrie (Cnup), le Syndicat national des psychologues (SNP), la Fédération française des psychologues et de psychologie (FFPP), le Comité d'études des formations infirmières et des pratiques en psychiatrie (Cefi-Psy), l'Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam), la Fédération nationale des associations d'usagers en psychiatrie (Fnapsy).
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