Ces mineurs se trouvaient dans différents camps du nord-est de la Syrie. L’opération a été menée par des moyens uniquement français, selon le Quai d’Orsay.
L’opération a été maintenue secrète jusqu’au dernier moment et gérée en cercle ultra fermé. Moins de cinq personnes dans l’appareil d’Etat étaient au courant de l’opération et de ses modalités, selon nos informations. Cinq enfants de djihadistes, qui étaient jusqu’à présent retenus au Kurdistan syrien dans différents camps, ont été rapatriés dans la plus grande discrétion, vendredi 15 mars, a annoncé le ministère des affaires étrangères dans un communiqué : « La France a procédé ce jour au retour de plusieurs mineurs orphelins et isolés, âgés de 5 ans et moins, qui se trouvaient dans des camps du nord-est de la Syrie ».
Ces cinq enfants sont arrivés sur le sol français à 13 h 30 à l’aéroport de Villacoublay, situé dans les Yvelines. Peu de détails ont été donnés sur leur profil. Seuls des éléments sur leur état de santé ont été communiqués : quatre sont « à peu près en forme » tandis que le cinquième est « blessé » et dans « un mauvais état » de santé, a précisé une source diplomatique, affirmant qu’il pourrait être hospitalisé.
« C’était les cas les plus évidents »
Les détails de cette opération – la première du genre depuis la Syrie – n’ont pas été divulgués. On sait toutefois qu’elle était préparée depuis de longs mois, et qu’elle a été réalisée concrètement en quelques jours par des moyens militaires uniquement français, dans des conditions délicates. C’est un avion français qui aurait ainsi rapatrié ces enfants directement depuis la Syrie sans transiter par l’Irak. « Il y avait une équipe au sol et une dans l’avion », a précisé un proche du dossier. La seconde comptait deux médecins.
En Syrie, la France s’est appuyée sur les Forces démocratiques syriennes (FDS) qu’elle a remerciées dans son communiqué. Ce sont elles qui ont « rendu possible cette issue », a déclaré le Quai d’Orsay. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a, pour sa part, aidé en amont à l’identification des enfants sur place et à s’assurer qu’il s’agissait bien d’orphelins ou de mineurs isolés. Certains d’entre eux avaient en effet été recueillis par des familles d’accueil situées dans et en dehors des camps.
Le ministère des affaires étrangères dit avoir sélectionné ces enfants pour cette première vague de rapatriements en raison de leur très grande « vulnérabilité ».« C’était les cas les plus évidents », confie-t-on. Parmi eux, selon nos informations, se trouve au moins une petite fille qui se trouvait au camp de Roj, dont le père est présumé mort depuis 2013. L’avocate de sa grand-mère, Me Samia Maktouf, avait déposé un recours devant le tribunal administratif de Paris en début de semaine, le 11 mars.
« Nous n’oublions pas les autres enfants »
Trois autres de ces enfants rapatriés sont issus d’une seule et même fratrie. Agés de 1, 3 et 5 ans, il s’agit des garçons de Julie Maninchedda, une jeune femme originaire de Libercourt (Pas-de-Calais), brillante lycéenne, violoniste à ses heures, qui avait rejoint les rangs de l’organisation Etat islamique (EI) avec son époux, en 2014 – aujourd’hui incarcéré et détenu par les Kurdes.
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