Publié dans le magazine Books, mars 2019. Par Stefan Klein
On a longtemps pensé que les humains s’étaient mis à peindre et à sculpter en Europe il y a 40 000 ans. Or de nouvelles découvertes montrent qu’ils ont commencé bien plus tôt. Au point que l’on doit sans doute les premières œuvres d’art non pas à Homo sapiens, mais à son cousin néandertalien.
© Dirk Hoffmann
Dans la grotte de La Pasiega (nord de l’Espagne). Le motif en forme d’échelle (barres verticales et horizontales) remonte à plus de 64 000 ans, selon Dirk Hoffmann.
Le mont Castillo, dans le nord de l’Espagne, forme un cône si parfait qu’on a du mal à y voir une œuvre de la nature. Il s’élève au-dessus d’une vallée et comporte pas moins de 40 grottes. Lors de la dernière glaciation, qui a pris fin il y a 10 000 ans, il servait de repère et de lieu de réunion aux chasseurs-cueilleurs. Dirk Hoffmann, un physicien de Leipzig, m’a invité à l’accompagner sur cette montagne. Hoffmann est un spécialiste de la datation des peintures rupestres. Il veut me montrer une découverte qui, d’après lui, va bouleverser notre conception de la préhistoire humaine. Nous nous faufilons à l’intérieur de la montagne par une crevasse pas plus large que nos épaules. Le roc avale d’abord l’énergique Dirk. Puis Alistair Pike, un archéologue britannique de forte stature avec lequel Hoffmann collabore. Ensuite, c’est mon tour. Le garde que le gouvernement de Madrid nous a attribué ferme la marche : même les scientifiques n’ont le droit de visiter les grottes, fermées en temps normal, que sous surveillance. Les anfractuosités de la roche font disparaître les derniers rais de lumière et il ne reste plus que la faible clarté de nos lampes frontales. Le gouffre devient une galerie dans laquelle nous avançons sans peine en file indienne. Soudain, nous nous retrouvons dans une sorte de vestibule. C’est la grotte de La Pasiega.
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