Dr Alexandre Haroche
Comment fonctionnent l'électroconvulsivothérapie ? Ce traitement développé dans les années 1930 a longtemps eu la réputation de n'être basé que sur un savoir empirique, sans réelle explication sur son efficacité. A l'heure actuelle, on considère que les ECT ont un effet sur de multiples voies biologiques altérées au cours de la dépression et, en particulier, sur l'inflammation cérébrale. Les mécanismes précis à l'origine de l'effet antidépresseur restent toutefois mystérieux.
De plus en plus de données suggèrent la participation de phénomènes inflammatoires dans la dépression. En particulier, des données d'imagerie suggèrent l'existence d'une activation microgliale au niveau du cortex cingulaire antérieur et de l'insula. Lorsque l'on étudie le cortisol sanguin des patients déprimés traités par ECT, on observe une augmentation du cortisol après chaque séance, mais globalement une diminution sur l'ensemble de la cure. La diminution de l'inflammation au cours du traitement est probablement directement en rapport avec l'effet antidépresseur des ECT. De plus, il a été récemment montré que la décroissance du cortisol était surtout vraie chez les patients répondeurs.
Le retour de la malariathérapie
On retrouve des résultats similaires si on étudie les cytokines pro-inflammatoires et non plus seulement le cortisol. D'ailleurs, une interleukine 6 élevée avant le traitement est corrélée à une bonne efficacité de la cure de sismothérapie.
Cet effet pro-inflammatoire immédiat, et anti-inflammatoire à long terme, n'est pas nouveau en psychiatrie. Il n'est pas sans rappeler les « thérapies de choc » de la première partie du XXème siècle, et, en particulier le traitement par impaludation (malariathérapie).
Comment faire le lien entre l'inflammation et la dépression ? Une des hypothèses actuelles est que l'inflammation a un effet direct sur le métabolisme de la kynurénine (un métabolite du tryptophane, acide aminé à l'origine de la sérotonine). Un état inflammatoire induit l'activation de l'enzyme IDO, qui conduit à la production de composés neurotoxiques à partir de la kynurénine (acide kynurénique) et la diminution de la production de composés neuroprotecteurs (acide quinolinique). Les ECT, par leur effet anti-inflammatoire, auraient indirectement un impact sur le métabolisme de la kynurénine. On observe en effet une diminution de l'acide kynurénique et une augmentation de l'acide quinolinique au cours des ECT.
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