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mercredi 20 février 2019

La France mal classée pour l’espérance de vie en bonne santé

L’espérance de vie en bonne santé est de 64,1 ans chez les femmes et 62,7 chez les hommes en France, en dessous de la moyenne européenne.
Par Sandrine Cabut Publié le 19 février 2019
« Il ne faut pas chercher à rajouter des années à sa vie, mais plutôt essayer de rajouter de la vie à ses années », écrivait Oscar Wilde. Les Français, semble-t-il, ne l’entendent pas de cette oreille. Bons élèves de l’Europe et même du monde s’agissant de l’espérance de vie à la naissance, ils sont plutôt médiocres pour cet indicateur de la qualité de la vie qu’est l’espérance de vie en bonne santé. Selon les dernières statistiques Eurostat, portant sur l’année 2016, la France est sous la moyenne européenne dans ce domaine : l’espérance de vie en bonne santé est de 64,1 ans chez les femmes et 62,7 chez les hommes dans notre pays, alors que la moyenne en Europe est respectivement de 64,2 et 63,5 ans.

L’écart est de presque dix ans avec le leader en Europe, la Suède (73,3 ans chez les femmes, 73 chez les hommes), alors que l’espérance de vie à la naissance est quasi équivalente dans les deux pays, de l’ordre de 85 ans pour le sexe féminin, 80 pour le sexe masculin. De surcroît, l’espérance de vie en bonne santé à la naissance n’a pas évolué de façon significative en France depuis dix ans.

Indicateur de la qualité de vie

Comment interpréter ces résultats, et d’abord qu’est-ce précisément que l’espérance de vie en bonne santé ? Comme l’espérance de vie, cet indicateur peut être évalué à la naissance et à des âges ultérieurs. « Pour déterminer l’espérance de vie en bonne santé, le principe est de combiner des tables de mortalité et des données issues d’enquêtes sur la santé en population, explique Emmanuelle Cambois, directrice de recherche à l’Institut national d’études démographiques (INED), et directrice de l’Institut de la longévité, des vieillesses et du vieillissement. Au début des années 2000, il y a eu une volonté européenne de compléter les indicateurs d’espérance de vie par des indicateurs de santé permettant une approche qualitative pour affiner le suivi des populations. Les instances européennes ont alors fait de gros efforts pour proposer des formulations presque identiques d’un pays à l’autre, afin de pouvoir les comparer, mais l’harmonisation n’est pas encore totale. »
En France, trois types de questions sont posées pour évaluer l’espérance de vie en bonne santé : l’état de santé perçu (coté de excellent à très mauvais), l’existence ou non d’une maladie chronique, et la présence ou non d’une limitation des activités habituelles depuis six mois en raison d’un problème de santé. « C’est cette dernière question qui est utilisée pour produire l’indicateur comparatif européen, Healthy Life Years, précise Emmanuelle Cambois. C’est un indicateur assez solide ; il ne donne pas d’information sur les diagnostics médicaux, mais est fortement corrélé à des mesures objectives comme les tests de performance physique, la consommation de soins, le décès dans les années qui suivent… »
Pourquoi de telles différences entre la France et la Suède ? « Il faut toujours rester prudent et contextualiser, il est délicat de classer les pays », souligne la chercheuse de l’INED. Le décalage entre les deux pays pourrait s’expliquer en partie par les différences d’organisation de la protection sociale. « Le système suédois, qui limite les inégalités sociales et la pauvreté, peut permettre de réduire les répercussions des maladies chroniques dans la vie quotidienne », estime Emmanuelle Cambois.
« Notre système de santé français est surtout axé sur les soins, celui des pays du nord de l’Europe davantage sur la prévention. De ce fait, ils ont un plus faible recours aux médicaments, aux hôpitaux, et ils consomment moins de tabac et d’alcool, pointe l’épidémiologiste Christophe Tzourio, qui dirige le centre de recherche Bordeaux Population Health (Inserm). Ce n’est probablement pas la seule explication à la différence d’espérance de vie en bonne santé entre la France et la Suède, mais c’est un facteur important. »

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