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vendredi 22 février 2019

Activité physique : un médicament à prendre le plus tôt possible et à vie

Le temps où l’on disait au patient de se reposer est révolu. Un changement de paradigme.

 Pascale Santi       Publié le 16 février 2019


« L’activité physique diminue la mortalité, le risque de récidive, atténue la douleur, et améliore l’effet des traitements. »
« L’activité physique diminue la mortalité, le risque de récidive, atténue la douleur, et améliore l’effet des traitements. » THIERRY SUZAN

« Dix mille pas et plus ». La question n’est plus aujourd’hui de savoir si l’activité physique est nécessaire… Il n’y a plus aucun doute. Mais comment pratiquer et à quelle dose ? Bouger plus n’est pas suffisant. L’activité physique adaptée doit être intégrée dans le parcours de soin du patient touché par une maladie chronique. Telle est l’une des recommandations de l’expertise collective de l’Inserm, un travail de 800 pages réalisé par une dizaine d’experts, rendu public jeudi 14 février. Ces experts ont scruté près de 2 000 études scientifiques.
Le constat est sans appel : l’activité physique diminue la mortalité, le risque de récidive, atténue la douleur, améliore l’effet des traitements et possède un effet socialisant. C’est là un enjeu de santé publique, martèlent les experts. Un Français sur quatre souffre d’une maladie chronique, trois sur quatre après 65 ans. Dix millions de patients sont en affection longue durée (ALD).
« Le temps où l’on disait au patient de se reposer est révolu. C’est l’inverse, il faut bouger. C’est une révolution, un changement de paradigme », assure François Carré, expert en maladies cardio-vasculaires. « Les programmes d’activité physique constituent aujourd’hui des soins à intégrer dans les parcours », en s’adaptant à chaque patient et à son environnement social, insiste le psychologue Grégory Ninot.



Publication de notre expertise collective @Inserm qui va tout changer dans l’activité physique pour la santé. Bouger plus ne suffit plus, il faut prescrire aux personnes malades chroniques des programmes personnalisés et bien dosés @umontpellier @IsiteMUSE @ICM_Montpellier

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Prescrire l’activité physique en première intention

Pour quelques pathologies, comme le diabète de type 2, l’obésité, les artérites des membres inférieurs (obstruction partielle ou totale des artères), le groupe d’experts recommande que l’activité physique soit prescrite en première intention. Même chose pour la dépression légère à modérée, un programme d’au minimum trois séances par semaine sur trois mois devrait être prescrit avant de commencer tout traitement d’antidépresseurs.
Pour le diabète, le meilleur programme est d’associer endurance et renforcement musculaire, avec une intensité modérée à forte. Même chose pour le cancer. L’activité physique est le seul traitement efficace pour atténuer la fatigue, séquelle la plus fréquente. Le renforcement de la masse musculaire ­permet aussi d’amoindrir la toxicité des traitements. Quant à l’obésité, les experts conseillent de mettre l’accent sur la diminution du tour de taille plutôt que sur la perte de poids avec là aussi des programmes d’activité d’endurance. Et dans tous les cas, l’activité physique doit être intégrée le plus tôt possible, au moment de rentrer dans la maladie. La prescription ? Au moins trois séances par semaine, en plus des 30 minutes de marche quotidienne.

« Au-delà du bénéfice pour le patient, l’activité physique est source d’économies pour le système de santé. »
« Au-delà du bénéfice pour le patient, l’activité physique est source d’économies pour le système de santé. » FLORE AVRAM / INSERM

Dans les faits, ce n’est pas si simple. Certes, depuis la loi du 26 janvier 2016 et le décret de mars 2017, les médecins peuvent prescrire de l’activité physique et sportive aux personnes en ALD, mais de nombreux praticiens ne l’évoquent même pas en consultation : 70 % des patients ayant eu un infarctus rentrent chez eux sans qu’on leur ait proposé d’activité physique. Les structures ne sont pas assez nombreuses, alors même que les études montrent que les prescriptions encadrées sont plus efficaces pour les patients.

Ce « traitement-là, c’est à vie »

A l’instar d’autres médicaments, la question-clé est l’observance, d’autant plus que ce « traitement-là, c’est à vie », insiste François Carré. Près d’un tiers des patients (30 %) abandonnent au bout de six mois, constate Grégory Ninot.
D’où vient la motivation ? Sans surprise, « le plaisir et l’intérêt que le patient y trouve, notamment les croyances dans les bénéfices perçus, tant pour leur santé physique que pour leur bien-être psychologique », indique l’expertise. Le fait de pratiquer renvoie souvent une image de soi positive. Il faut aussi dépasser les freins que constitue la fatigue, la douleur. Les objets connectés pourraient être des aides précieuses pour cette observance.
La balle est aussi dans le camp des politiques. Une motivation ? Au-delà du bénéfice pour le patient, l’activité physique est source d’économies pour le système de santé.

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