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mercredi 20 février 2019

Des dépressions liées à la consommation de cannabis adolescent

Certains diagnostics de dépression et de comportements suicidaires chez l’adulte seraient associés au fait d’avoir fumé du cannabis adolescent.
Par Raphaëlle Maruchitch Publié le 20 février 2019
Alors que la consommation de cannabis récréatif est légale depuis quatre mois au Canada, la recherche sur le sujet n’y faiblit pas. La psychiatre Gabriella Gobbi, chercheuse au sein de l’institut de recherche du centre universitaire de santé McGill à Montréal, a récemment travaillé sur le lien entre consommation de cannabis chez l’adolescent et risque de dépression, de comportements suicidaires et d’anxiété chez le jeune adulte. Conclusion : s’il n’y a rien de significatif côté anxiété, il y a, en revanche, une association entre la dépression chez le jeune adulte et une consommation de cannabis antérieure régulière (au moins une fois par semaine) au cours de l’adolescence. Ces sujets ne présentaient pas de troubles avant de commencer à fumer. Ainsi chez les Nord-Américains âgés de 18 à 30 ans souffrant de trouble dépressif majeur, 7 % des diagnostics seraient associés au fait d’avoir fumé adolescent. En outre, une association a également été constatée concernant les risques de présenter des comportements suicidaires, en particulier des idées suicidaires, à l’âge adulte.

Gabriella Gobbi a tiré ces conclusions d’une méta-analyse de onze études (Canada, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Australie et Nouvelle-Zélande), soit plus de 23 300 individus. Les travaux, publiés le 13 février dans le JAMA Psychiatry, ont été menés aux côtés de chercheurs américains et anglais. « Ce que nous savions, c’est que le cannabis est un déclencheur de schizophrénie chez le sujet prédisposé, rapporte la professeure Gobbi. Ou encore, qu’il a des incidences sur l’abandon scolaire, la consommation d’alcool ou de drogues, et un impact sur les fonctions cognitives. Mais il y avait peu de littérature au sujet du cannabis associé à l’anxiété, la dépression et les comportements suicidaires. »

Dangerosité liée à la quantité

Amine Benyamina, psychiatre et chef du service d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif (Val-de-Marne), résume : « Le cannabis est dangereux lorsque l’on en consomme beaucoup, que l’on a des antécédents familiaux de troubles psychiatriques, que l’on manifeste des signes d’isolement. Ce qui va surtout faire la différence en termes de dangerosité, c’est la quantité et la dose consommée. » Selon lui, le travail de méta-analyse réalisé par Gabriella Gobbi et ses collègues est « assurément intéressant ». Il est « un signal fort qu’il ne faut pas négliger », mais qu’il faut pondérer et qui appelle « à faire de nouvelles études longitudinales ».
Gabriella Gobbi en est consciente. « Il reste beaucoup à comprendre sur le sujet, notamment pour déterminer qui sont les sujets les plus à risque selon l’âge, le sexe, etc. Il faut également prendre en compte le fait qu’entre les années 1980 et aujourd’hui, la consommation n’est pas la même, notamment en termes de concentration de THC, la principale molécule active du cannabis. » Rappelons qu’en France, en 2017, 7,2 % des jeunes de 17 ans étaient des fumeurs réguliers, selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies.

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