C'est une conséquence de la chirurgie de l'obésité à laquelle on ne pense pas toujours, et pourtant, la qualité de la vie sexuelle semble durablement améliorée après une chirurgie bariatrique, selon les données d'une cohorte observationnelle publiées dans le « JAMA Surgery ».
À l'occasion de travaux antérieurs, les chercheurs de l'université du Dakota, aux États-Unis, avaient constaté qu'environ la moitié des patients ayant une obésité de classe III (IMC supérieur à 40 kg/m2) se déclarent non satisfaits par leur vie sexuelle. Les causes sont multifactorielles et vont de la perturbation des fonctions sexuelles par l'obésité et ses conséquences sur la santé cardiaque, à une mauvaise estime de soi ou à un état dépressif chronique.
Afin de mieux connaître l'impact de la chirurgie de l'obésité sur la qualité de la vie sexuelle des patients, Kristine Steffen et ses collègues de l'université d'État du Dakota, ont constitué une cohorte observationnelle à partir des données de 2 036 patients opérés entre 2005 et 2009 dans 10 hôpitaux américains. Ces patients avaient un indice de masse corporel médian de 45,8 avant l'opération. Une large majorité d'entre eux (69,7 % des femmes et 74,3 % des hommes) déclarait avant la chirurgie ne pas être satisfaits de leur vie sexuelle.
Les femmes enceintes ou ayant accouché moins de 6 mois avant l'opération ont été exclues du recrutement, de même que celles qui prenaient un traitement de la fertilité. La majorité des patients inclus dans l'étude ont été opérés en suivant une procédure chirurgicale restrictive et de malabsorption selon la technique du roux-en-Y (71,8 % des femmes et 67,1 % des hommes). La seconde procédure la plus répandue était la pose d'une bande gastrique ajustable par laparoscopie.
Davantage de désir et de rapports sexuels
Un an après l'opération, au sein de ce groupe peu satisfait par sa vie sexuelle avant la chirurgie, 56 % des femmes et 49,2 % des hommes estimaient avoir connu une amélioration. Au terme de 5 ans de suivi, ces pourcentages n'ont pas significativement évolué : 50,3 % des hommes et 51,9 % des femmes.
Environ 40 % des participants déclaraient ne pas connaître de limitation physique à leur activité sexuelle avant la chirurgie. Au bout de 5 ans, ce pourcentage s'établissait à plus de 70 % chez les hommes et près de 80 % chez les femmes. Par ailleurs, plus d'un tiers des femmes voyaient la fréquence de leur désir sexuel et de leurs rapports significativement augmentés.
Les auteurs précisent qu'ils ont pris en compte dans leurs calculs un grand nombre de facteurs confondant : l'âge, le sexe, les comorbidités cardiovasculaire et métabolique associées à l'obésité. Ils ont également considéré que les traitements hormonaux chez la femme et certains traitements anti-hypertenseurs chez l'homme (bêta bloquants et diurétiques) sont de nature à gêner l'activité sexuelle, tandis que le bupropion était au contraire un facteur pouvant améliorer la qualité des relations sexuelles.
Les auteurs précisent que le type de procédure chirurgicale ne semble pas avoir d'influence sur le degré d'amélioration de la qualité de la vie sexuelle. En revanche, ils observent une corrélation entre la réduction des symptômes dépressifs et l'amélioration significative de critères choisis pour évaluer la qualité de la vie intime des patients.
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