Publié le 14/06/2018
La revue European Psychiatry présente le projet METSY[1], une collaboration entre plusieurs pays d’Europe (de 2013 à 2017) pour repérer des « critères métaboliques et des marqueurs en neuro-imagerie » susceptibles de contribuer au diagnostic et à la surveillance des psychoses et de leurs comorbidités métaboliques, avec l’espoir de mieux comprendre notamment comment le dysfonctionnement du métabolisme des lipides et du glucose pourrait représenter l’un des éléments contextuels des troubles psychotiques.
Les auteurs rappellent l’intérêt économique et humain des recherches dans ce domaine, puisque le coût des psychoses en Europe est estimé à « plus de 93 milliards d’euros en 2010 » et que la schizophrénie se trouve associée par ailleurs à une « réduction de l’espérance de vie de 15 à 20 ans, liée à la prévalence accrue des comorbidités cardiovasculaires et du syndrome métabolique. »
Un « défi majeur » consiste donc à identifier « les patients vulnérables par leur profil métabolique », les plus exposés à ces comorbidités somatiques. Il est ainsi établi que le système endocannabinoïde[2] (impliqué dans les régulations des métabolismes du glucose et des lipides) présente « un fonctionnement altéré » en cas de psychose, mais les liens physiopathologiques entre ces phénomènes demeurent encore « obscurs. » Et vu la « complexité intrinsèque et l’ubiquité du métabolisme des lipides », les auteurs estiment qu’une approche combinée et détaillée de plusieurs méthodes (biologique, neuro-imagerie fonctionnelle, fonctionnement physiologique ou pathologique...) se révèle « essentielle » pour savoir dans quelle mesure des anomalies du métabolisme lipidique seraient impliquées dans une composante organique du déterminisme des troubles psychotiques.
Intégrant un grand nombre de données complémentaires (cliniques, métaboliques, neuropsychologiques, neuro-imagerie...), cette plate-forme de recherches peut contribuer à préciser d’éventuels mécanismes impliqués dans le déterminisme des psychoses, pour faciliter leur diagnostic et leur traitement précoces. Et surtout, on espère que ce type d’investigations débouche peut-être sur la découverte de « nouvelles cibles pour les traitements pharmacologiques. »
Dr Alain Cohen
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