Une étude française montre qu’après cinq ans de traitement par agonistes dopaminergiques, presque un patient sur deux est touché.
Troubles alimentaires compulsifs, hypersexualité, achats compulsifs, addiction aux jeux ou à des loisirs particuliers comme le bricolage… Longtemps méconnus chez les patients parkinsoniens traités, désormais bien décrits, les troubles du contrôle des impulsions (TCI) se révèlent beaucoup plus fréquents que ce que l’on pensait.
Après cinq ans de suivi, presque un malade sur deux (46 %) est concerné, conclut une étude française conduite par le professeur Jean-Christophe Corvol (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, APHP, Institut du cerveau et de la moelle épinière, Paris), publiée le 20 juin dans la revue Neurology.
Les auteurs soulignent que la survenue de ces symptômes est fortement associée à la dose et à la durée du traitement par agonistes dopaminergiques. Ces médicaments synthétiques, qui miment l’action de la dopamine, sont l’une des deux grandes classes de molécules prescrites aux patients parkinsoniens, avec la L-dopa, précurseur naturel de la dopamine.
Conséquences dévastatrices
Pas toujours perçus comme négatifs par les principaux concernés, les troubles du contrôle des impulsions peuvent, s’ils ne sont pas détectés à temps, avoir des conséquences dévastatrices pour le malade et sa famille : surendettement, rupture conjugale…
L’étude des chercheurs français a été réalisée à partir d’une cohorte de 411 patients, dont la maladie avait débuté il y a moins de cinq ans. Ils ont été évalués tous les ans pendant cinq ans. Au début de l’étude, près de 20 % d’entre eux avaient déjà des troubles du contrôle des impulsions, ils étaient 33 % à la fin des cinq ans de suivi. Et parmi les 306 patients qui étaient indemnes de TCI au départ, presque un sur deux (46 %) en a développé sur cette période. Après arrêt du traitement, les troubles ont disparu en un an chez la moitié d’entre eux.
La population étudiée était relativement jeune et majoritairement traitée par agonistes dopaminergiques, d’où une surestimation probable de la fréquence de ces symptômes par rapport à la population générale, notent Jean-Christophe Corvol et ses collègues.
« C’est un très beau travail sur le plan méthodologique, et dont les résultats sont assez fidèles à la réalité du terrain », estime le professeur Mathieu Anheim, neurologue au CHU de Strasbourg, qui n’a pas participé à cette étude. Longtemps, les TCI ont été méconnus chez les parkinsoniens, puis sous-estimés par les médecins, poursuit ce spécialiste des mouvements anormaux.
« Ces nouveaux résultats confirment qu’il est indispensable d’en informer les patients, mais aussi leurs proches, quand on débute un traitement par agonistes dopaminergiques. Il faut ensuite surveiller les patients, en les interrogeant régulièrement à ce sujet », insiste Mathieu Anheim.Pour ce neurologue, on peut faire un parallèle avec d’autres effets indésirables, les dyskinésies, ces mouvements involontaires (différents des tremblements) favorisés par la L-dopa, présentes chez un patient sur deux après cinq ans de ce traitement.
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