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vendredi 29 juin 2018

Le sport, le meilleur antifatigue lors des traitements contre le cancer

L’activité physique soutenue et régulière est le meilleur moyen de lutter contre l’épuisement liée à la chimiothérapie ou à l’immunothérapie.
LE MONDE |  Par 

Dix mille pas et plus. La fatigue est l’un des premiers symptômes du cancer et l’un des premiers effets secondaires des traitements anticancer, comme la chimiothérapie ou l’immunothérapie, et ce de manière durable. Cinq ans après le diagnostic, 48,7 % des participants le décrivent comme cliniquement significatif, indique l’étude « La vie cinq ans après un diagnostic de cancer » (Vican5) réalisée par l’Institut national du cancer (INCa) et rendue publique mercredi 20 juin. Les ­répercussions dans la vie quotidienne sont multiples, et la qualité de vie peut être gravement altérée. Les femmes sont les plus touchées, et encore plus lorsque leur situation est précaire.
Cette fatigue fluctuante, différente selon les localisations, ne se récupère pas par le sommeil. Elle est d’ailleurs souvent évoquée comme frein à la pratique d’un sport… Et pourtant l’activité physique soutenue et régulière est le meilleur moyen de lutter contre cette forme d’épuisement, plus efficace que tout autre traitement. « C’est d’ailleurs le seul traitement », insiste le docteur Thierry Bouillet, oncologue à l’hôpital Avicenne (Bobigny), l’un des premiers en France à avoir évoqué le sport dans la prise en charge du cancer et qui a créé avec Jean-Marc Descotes l’association CAMI (Cancer, arts martiaux et informations), qui prend en charge 3 500 nouveaux patients chaque année.
Efficace pour lutter contre les risques de rechute et les effets secondaires des traitements anticancéreux, le sport est donc aussi « défatigant ». « En cas de fatigue persistante, plutôt que de prendre du café ou des médicaments, un patient devrait aller marcher quinze minutes », indique aussi Karen Mustian, de l’université de Rochester. « C’est en tout cas la conclusion que nous tirons après avoir passé en revue 113 études scientifiques » qui portaient sur 11 500 patients. Publiée en mars 2017, sa revue de la littérature scientifique montrait que l’activité physique, ou une psychothérapie, ou une combinaison des deux, entraînait une réduction de la fatigue de 26 % à 30 %, tandis que des médicaments avaient pour effet de réduire la fatigue de 9 %.
Modification des cytokines
Que se passe-t-il dans le corps ? Au niveau cellulaire, l’activité physique modifie les cytokines (responsables, entre autres, de la fatigue). Et en augmentant l’adiponectine, c’est aussi un puissant anti-inflammatoire. De plus, le renforcement de la masse musculaire ­réduit la toxicité des traitements. Le sport agit également en stimulant les graisses intra-abdominales. Les patients le disent eux-mêmes : « ça me défatigue »« on devient acteurs ». Selon l’INCa, les activités cardio-respiratoires, de type aérobie (marche rapide, vélo, ­natation…), seules ou associées à des exercices de renforcement musculaire, apparaissent comme les plus efficaces sur la réduction de la fatigue. L’intensité des exercices doit être modérée, son augmentation réduisant les effets attendus sur la fatigue.
L’efficacité maximale est obtenue lorsque cette activité physique est proposée dès le début des traitements, indique encore l’INCa. Autre avantage, le sport combat la plus grande sédentarité inhérente à la ­maladie, et le cercle vicieux du déconditionnement physique, c’est-à-dire la désadaptation à l’effort. ­Encore faut-il que ce soit « prescrit » par les professionnels de santé ! Les résultats montrent une diminution ­approximative de 25 % du niveau perçu de fatigue, pouvant atteindre 35 % dans le cas du cancer du sein, et même à 40 % après la fin des traitements.
Le combat contre la maladie est une épreuve, mais l’activité physique peut être une alliée, sans compter l’effet positif du sport sur l’état psychologique. Dans tous les cas, c’est bon pour le moral !

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