Depuis plus de 10 ans, les spéculations vont bon train sur une possible corrélation entre la pratique des échographies prénatales et les troubles de la sphère autistique. Les données sont toutefois pauvres, peu d’études ayant été consacrées à ce sujet, et un faible nombre d’entre elles prenant en compte la fréquence actuelle des échographies et les caractéristiques techniques du matériel moderne.
Une récente publication apporte des éléments nouveaux. Il s’agit d’une étude réalisée aux États-Unis et incluant 420 participants âgés en moyenne de 6,6 ans, 328 garçons (78,1 %) et 92 filles (21,9 %). Parmi eux, 107 présentent des troubles de la sphère autistique, 104 un retard de développement et 209 ont un développement normal, ces derniers étant considérés comme les sujets témoins. Pour évaluer l’exposition prénatale aux ultrasons, les données ont été recueillies rétrospectivement et réunissent la fréquence des échographies, leur date dans la grossesse, leur durée et leurs caractéristiques techniques (profondeur, index mécanique, index thermique, etc.).
Ni la fréquence, ni la durée mais la profondeur…
Ces données détaillées montrent que le nombre d’échographies réalisées en moyenne pendant la grossesse est sensiblement le même chez tous les enfants. Les enfants atteints d’autisme semblent même avoir été exposés à moins d’échographies pendant le premier trimestre. La durée totale des échographies n’est pas non plus significativement différente selon les groupes.
En revanche, il apparaît que les enfants atteints d’autisme ont été exposés à des profondeurs de pénétration des ultrasons supérieures au cours du premier trimestre (12,5 cm vs 11,6 cm) et du deuxième trimestre (12,9 cm vs 12,5 cm) par rapport aux enfants dont le développement est typique et au cours du premier trimestre par rapport à ceux qui présentent un retard de développement (12,5 cm vs 11,6 cm).
Les troubles de la sphère autistique, dont la prévalence a rapidement augmenté au cours des dernières années, font actuellement l’objet de nombreux travaux. Des facteurs génétiques et environnementaux semblent impliqués et associés de manière complexe dans leur survenue. L’échographie prénatale a été suspectée d’être l’un de ces facteurs, au point que le Congrès Américain de Gynécologie et Obstétrique estimait récemment que l’on ne pouvait certifier de la parfaite innocuité des échographies prénatales.
Cette étude pourrait lui donner raison. Notons toutefois qu’elle comporte quelques limitations, parmi lesquelles son design : étude rétrospective cas-témoins qui ne permet pas d’affirmer un lien de cause à effet. D’autre part, les nouveau-nés prématurés ont été exclus de l’étude, ce qui est une autre limitation quand on sait que la prématurité pourrait être un facteur de risque de trouble autistique.
Ce travail a toutefois le grand mérite de remettre sur le devant de la scène la question de l’innocuité des échographies prénatales, quand pourrait apparaître une tendance vers la demande d’échographies « de confort ». Il est étonnant de noter que dans cette étude les enfants avaient été soumis en prénatal en moyenne à 5 échographies, nombre largement supérieur à celui préconisé par les recommandations.
Dr Roseline Péluchon
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