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mardi 21 février 2017

Le poids de la chirurgie bariatrique en psychiatrie








Réalisée à l’Université d’Aalborg (Danemark), une étude rétrospective (sur une cohorte de 22 451 patients représentant un suivi de l’ordre d’un million de personnes-années) examine l’influence de la chirurgie bariatrique sur le risque de troubles psychiatriques : comportements auto-agressifs, addictions à des drogues, recours à des services psychiatriques, etc. Les informations recueillies sont analysées en comparant l’évolution des sujets opérés et non opérés.

Chez les patients soumis à une chirurgie bariatrique, par rapport aux contrôles non opérés, les auteurs observent notamment une augmentation significative (intervalle de confiance à 95 % IC) :
– des troubles « comportementaux et émotionnels » : Hazard Ratio, HR = 6,43 ; IC [3,34–12,38), p < 0,001 ;
– des actes auto-agressifs : HR = 3,23 ; IC [1,93–5,40], p < 0,001 ;
– des « troubles de la personnalité et du comportement » : HR = 2,68 ; IC [1,98–3,62], p < 0,001 ;
– des troubles de l’humeur : HR = 2,66 IC [2,29–3,09], p < 0,001 ;
– des troubles « liés aux stress et somatoformes » : HR = 2,48 ; IC [2,14–2,89], p < 0,001 ;
– de la toxicomanie : HR = 2,06 ; IC [1,75– 2,41], p < 0,001 ;
– des « troubles psychiatriques à dimension organique » (organic psychiatric disorders) : HR =1,78 ; IC [1,06–2,99], p < 0,05 ;
– des « passages aux urgences (psychiatriques) » : Incidence Rate Ratio, IRR = 1,70 ; IC [1,41–2,03], p < 0,001 ;
– des admissions en services psychiatriques : IRR=1,52  ; IC [1,27–1,80], p < 0,001.

Pas plus de suicides

En revanche, les auteurs n’ont constaté parmi les patients opérés, comparativement aux non opérés, aucun accroissement significatif :
– des troubles d’allure schizophrénique (schizophrenia spectrum disorders) : HR =1,53 ; IC [0,88– 2,65], p = 0,134 ;
– des « troubles psychologiques » : HR = 1,33 ; IC [0,34–5,18], p = 0,682 ;
– du taux de suicide : HR = 1,35 ; IC [0,36–5,07], p = 0,658 ;
– de la déficience intellectuelle : HR=0,95 [0 ,33–2,69], p = 0,916. 

Cette étude montre ainsi que la chirurgie bariatrique n’est pas impliquée dans une majoration du risque de suicide, mais se trouve cependant associée à une augmentation de certains troubles psychiatriques (en particulier les comportements auto-agresifs à type d’automutilation et la toxicomanie) et à une utilisation accrue de services psychiatriques.
Dr Alain Cohen



RÉFÉRENCE
Kovacs Z et coll.: Risk of psychiatric disorders, self-harm behaviour and service use associated with bariatric surgery. Acta Psychiatr Scand., 2016: 135: 149–158.

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