Un nouveau traitement comportemental afin d’aider les parents à mieux communiquer avec leurs enfants autistes a permis de réduire certains symptômes typiques de cette pathologie. Ces améliorations se poursuivraient même 6 ans après la fin de la thérapie selon une étude britannique publiée dans The Lancet ce 26 octobre. Elle s’avère être la première à démontrer des effets positifs sur le long terme de ce type d’intervention. Apparemment, les enfants âgés entre 2 et 4 ans ayant suivi ce traitement communiquent mieux socialement et présentent moins de comportements répétitifs.
Une méthode qui se concentre surtout sur les parents
Pour mener à bien ces travaux, une équipe de l’université de Manchester du King’s College de Londres et de l’université de Newcastle ont employé une méthode de traitement précoce qui se concentre surtout sur les parents. Ceux-ci vont devoir interagir avec leurs enfants dans diverses situations mises en contexte par des thérapeutes qui vont filmer la scène. Ils vont ensuite visionner les images en compagnie des parents afin de leur donner des conseils pour améliorer leur façon de faire. Ainsi, ceux-ci parviennent à mieux interpréter la manière inhabituelle de communiquer de leur interlocuteur autiste. Ils sont donc plus à même de leur répondre. Si les enfants se sentent écouter, ils seront certainement plus heureux et moins stressés. « L’avantage de cette approche par rapport à un travail effectué directement par le thérapeute sur son jeune patient, c’est qu’elle a un impact potentiel sur la vie quotidienne de l’enfant », affirme le Pr Jonathan Green qui a dirigé l’étude.
Lors des travaux, les parents ont pris part à 12 sessions étalées sur 6 mois suivies par des séances mensuelles supplémentaires pendant 6 autres mois. Les adultes ont également consenti à prendre 20 à 30 minutes par jour pour faire des activités avec leurs enfants. Sur les 152 petits patients âgés entre 2 et 4 ans qui ont participé à l’essai clinique randomisé, près de la moitié a suivi cette nouvelle approche et l’autre a adopté le traitement d’usage. Les participants ont été suivis pendant environ 6 ans après la fin de l’expérience. La sévérité des symptômes du spectre autistique a été estimée d’après la méthode standard de mesure (ADOS CSS) qui combine la communication sociale ou la survenue de comportements répétés, le tout inclut dans un score qui va de 1 à 10 avec 10 comme les cas les plus sévères.
Des améliorations au niveau de la communication
Au début des analyses, les deux groupes présentaient des scores similaires. Mais suite aux traitements, les enfants qui ont participé aux thérapies avec leurs parents avaient un score moyen de 7,3 avec 46 % du groupe sévèrement touché contre 7,8 pour ceux qui ont suivi les méthodes standards avec 63 % d’enfants sévèrement atteints. Ceci correspond à une baisse de 17 % de la proportion d’individus présentant des symptômes importants. Les chercheurs ont également constaté des améliorations au niveau de la communication des enfants du groupe qui a testé la nouvelle méthode. Les parents ont aussi déclaré que leur progéniture avait progressé au niveau des relations avec autrui comme au niveau des comportements répétitifs. En revanche, aucune différence entre les 2 groupes n’a été soulignée concernant le langage, l’anxiété, la dépression ou de comportements difficiles (troubles d’opposition). « Nos résultats suggèrent que des améliorations soutenues des symptômes autistiques sont possibles suite à une intervention précoce, c’est un objectif qui a auparavant été vu comme difficile à atteindre », explique le Pr Tony Charman, un autre des auteurs.
Les spécialistes notent toutefois que leurs travaux incluent des enfants présentant des symptômes basiques et non ceux qui souffraient de troubles du spectre autistique de manière plus large. Les constats ne seraient donc pas forcément identiques sur des jeunes patients avec une pathologie plus légère. Par ailleurs, l’étude consistait en un suivi jusqu’à un âge entre 7 et 11 ans, il est par conséquent difficile de se prononcer sur le développement futur de la maladie. « Nous n’avons trouvé aucune preuve d’un quelconque effet sur la santé mentale, comme sur l’anxiété ou les comportements difficiles, ce qui laisse présumer que des interventions supplémentaires seront nécessaires pour vaincre ces difficultés à un âge plus avancé. Avec leur croissance, ces enfants continueront d’avoir besoin d’appuis dans de nombreux aspects de leur vie », conclut le Pr Charman.
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