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samedi 14 mai 2016

Une salle de consommation à moindre risque à Strasbourg dès cet automne

Denis Durand de Bousingen      13.05.2016

Dès cet automne, Strasbourg sera la première ville française à disposer d’une « salle de consommation à moindres risques » qui permettra aux usagers de drogue d’y pratiquer leurs injections tout en effectuant « un premier pas vers une démarche de soins ».
Le maire (PS) de Strasbourg, Roland Ries, et la présidente de la Mission Interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA), Danièle Jourdain-Menninger, ont présenté officiellement le projet jeudi à Strasbourg. Envisagée dès 2011 et rendue possible par le vote, en janvier dernier, de la loi autorisant ce type de structure, la future salle sera installée dans les locaux de l’ancien service de chirurgie thoracique de l’hôpital civil, vaste pavillon construit en 1914 dans l’enceinte de l’hôpital, et relativement isolé et éloigné des autres bâtiments et cliniques du site.

Pas de polémique autour du projet
Les travaux d’aménagement de ce bâtiment, fermé depuis une dizaine d’années, débuteront en juin, pour un investissement estimé à 400 000 euros. Comme le rappelle le Dr Alexandre Feltz, adjoint au maire chargé de la santé, le conseil municipal de Strasbourg a voté en faveur du projet en décembre dernier, avec une écrasante majorité. À l’inverse de ce qui se passe à Paris, le projet n’a pas suscité de polémique au sein de la population, se félicite la municipalité strasbourgeoise, même s'il est vrai qu’il n’y a aucune habitation dans les environs immédiats du site. De plus, poursuit le Dr Feltz, l’installation de la salle dans un bâtiment hospitalier, érigé il y a un siècle par la ville, illustre aussi, symboliquement, la mission sanitaire de la ville et de l’hôpital au profit des plus fragiles.
La future salle de consommation associe plusieurs partenaires, dont l’association Ithaque, qui gère déjà plusieurs structures de prévention et de réduction des risques, et sera animée par une vingtaine de personnes, dont un médecin et un psychologue. Elle fonctionnera six heures par jour, l’après-midi et en début de soirée, et espère attirer, dans un premier temps, entre 100 et 150 usagers de drogues, avec une forte majorité de consommateurs d’opiacés : l’Alsace reste l’une des régions de France où les injections d’opiacés sont les plus nombreuses, avec tous les risques sanitaires liés à ces pratiques. Le site sera « particulièrement surveillé », a précisé le procureur de la République de Strasbourg, pour décourager toute tentative de deal à proximité et tout trafic au sein même de la structure. Par ailleurs, les utilisateurs y consommeront sur place les drogues qu’ils amèneront, puisqu’il n’est pas question de leur remettre la moindre substance.
Une approche pragmatique de réduction des risques
En outre, la salle pourra analyser les substances, mais de manière succincte, avant la consommation, là aussi pour limiter les risques. Comme l’a rappelé enfin Danièle Jourdain-Menninger, cette salle s’inscrit « dans une approche pragmatique de réduction des risques », et ne vise en aucun cas à légaliser la consommation de drogues. Elle permettra, au contraire, de « favoriser l’entrée dans un parcours de soins », à l’image de ce qui fonctionne déjà efficacement en Allemagne et en Suisse.


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