11.05.2016
La chirurgie bariatrique constitue actuellement le seul traitement réellement efficace de l’obésité morbide. A condition d’un suivi à long terme ... ce qui n’est pas vraiment le cas aujourd’hui en France. En effet, un patient sur deux sort du parcours de soins et au bout de deux ans, est perdu de vue par les professionnels de santé ce qui entraine un risque majeur de reprise de poids.
Pour remédier à cette situation, l’académie Nationale de Chirurgie a lancé l’alerte en janvier 2015 et le Collectif National des Associations d’Obèses associé à un groupe de travail composé de représentants de professionnels de santé a rédigé un Livre Blanc de recommandations.
Avec le soutien de l’Académie Nationale de Chirurgie et de la Société Française et Francophone de la Chirurgie de l’Obésité, ce livre blanc propose 13 recommandations pour améliorer l’accompagnement des patients obèses après chirurgie bariatrique.
Comme l’a rappelé le Dr Faredj CHERIKH (psychiatre au CHU de Nice): « la chirurgie bariatrique n’est pas une chirurgie esthétique ». Elle a démontré sa supériorité par rapport aux régimes dans une étude suédoise menée sur 10 ans. Ses indications sont l’obésité sévère (IMC égal ou supérieur à 40) et morbide après échecs de tous les régimes.
La technique de la « sleeve » qui consiste à pratiquer une gastrectomie longitudinale est aujourd’hui la plus pratiquée (60% des cas) avec de bons résultats et un faible pourcentage de complications (3 à 10%). Elle entraîne une perte de poids qui peut atteindre 65 à 75% en 12-18 mois. La réduction des quantités ingérées et la diminution de la sécrétion de ghréline, responsable de l’appétit, entrainent un amaigrissement, mais également une amélioration des pathologie liées à l’obésité et notamment du diabète de type 2 qui peut disparaitre un mois après la chirurgie.
Toutefois, l’obésité est une véritable maladie qui ne résulte pas d’un manque de volonté du patient et le risque de reprise de poids persiste toute la vie. « La surveillance d’éventuelles complications chirurgicales, de carences nutritionnelles et de problèmes psychologiques est indispensable » insiste le Dr Renaud CHICHE (chirurgien digestif à Paris). Le succès à long terme de cette chirurgie est fonction du suivi.
Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif des Associations d'Obèses, a rappelé la nécessité d’un suivi nutritionnel, médical et même psychologique à vie.
Pour optimiser ce suivi, il faudrait redéfinir le parcours de soins du patient selon les 3 axes prioritaires que sont les structures de prise en charge, le rôle et les outils pour les professionnels de santé et l’éducation thérapeutique du patient.
Parmi les 13 propositions du Livre Blanc, citons la création de « maisons de l’obésité « où le patient pourrait trouver tous les intervenants de la prise en charge dans une ambiance accueillante et conviviale. Des infirmière spécialement formées, pourraient jouer le rôle de coordinateur référent pour chaque patient, avant et après l’intervention, dans le but de lui apporter un suivi personnalisé et adapté à ses besoins, par exemple l’aider à changer ses comportements alimentaires et l’inciter à faire plus d’exercice.
Le pharmacien aurait également un rôle important de conseil pour le choix des compléments alimentaires et l’orientation des patients vers le maisons de l’obésité.
Avec 7 millions d’obèses en France, soit la population de Paris et de 3 départements de l’Ile de France, et 47 000 interventions de chirurgies bariatriques réalisées en 2014, les recommandations du Livre Blanc devraient être rapidement mises en place par les pouvoirs publics pour améliorer l’accompagnement des patients obèses.
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