1914-1918 Lettres d'un fils
Un infirmier de chasseurs à pied à Verdun et dans l'Aisne
Jean Pottecher
Une correspondance de poilu intéressante à plus d'un titre : le nombre de lettres concernées (345, dont 289 écrites au front) d'une part ; la particularité de l'auteur d'autre part : pacifiste, il ne refuse pas d'accomplir son devoir de citoyen mais fait le choix de servir "sans arme", au sein du Service de santé.
Dans sa présentation, André Suarès souligne l'intérêt que Jean Norton Cru portait à ce témoignage et rappelle :"Il n'a pas voulu être officier, lui qui devait l'être naturellement, et qui en fut dix fois sollicité. Il s'est rangé lui-même dans le corps du secours et du dévouement. Ici les grades ne sont rien. Je l'appelais Jean le Secourable".
Dans la première lettre, datée du 3 septembre 1914, il annonce à ses parents sa décision de s'engager ("Au fond, ce qui m'a guidé, ce n'est pas un patriotisme instinctif : c'est la recherche seule d'idéal social et d'humanité. Il m'a semblé que pour le but que je poursuis, il y avait avantage à ce que la France soit victorieuse et que je combatte").
Passé à sa demande dans une unité d'active, le 19e bataillon de chasseurs, il fait preuve d'un souci permanent de ses camarades et d'une grande curiosité pour tout ce qui l'entoure, mais, bien malgré lui, passe l'année 1915 au dépôt de l'unité, à l'intérieur, tout en lisant beaucoup. Il se lance même dans la cuisine pour les malades, quitte à acheter les produits nécessaires avec son propre prêt du soldat.
Quelques constats aussi, comme lorsqu'il assiste à une instruction sur le tir avec mitrailleuses : "Deux mitrailleuses qui marchent bien peuvent arrêter un bataillon de 1.500 hommes : mais très souvent des pièces cessent de tirer, l'incident est normal". Puis, c'est l'installation dans l'arrière-front et les exercices d'entraînement, souvent peu convaincants, surtout des marches avec, selon les secteurs, une amélioration progressive des conditions d'installation : "Nous sommes à peu près au même endroit que nos prédécesseurs, mais dans un bivouac au milieu d'un bois ; bivouac moderne, sous terre, et bien installé, à demeure ; et derrière chaque gourbi, un abri de bombardement".
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