Le communiqué est tombé lundi. Laconique, il dit: «L’hôpital psychiatrique de Ville-Evrard, à Neuilly-sur-Marne, met fin à la fabrique artistique créée et animée par l’auteur et metteur en scène Frédéric Ferrer. L’établissement public de santé a décidé de ne pas renouveler sa convention avec la compagnie de théâtre Vertical Détour qui a créé et anime depuis dix ans la fabrique des Anciennes Cuisines, un lieu de création et de résidences, soutenu par la région Ile-de-France et le ministère de la Culture – Drac Ile-de-France notamment –, qui a accueilli de nombreux artistes émergents en théâtre, danse et arts de la rue et organise des activités avec les malades et personnels de l’établissement.»
La nouvelle est d’autant plus mauvaise que la culture en général, et ce lieu de Seine-Saint-Denis en particulier, ne pouvait que se féliciter d’une telle initiative, dont Libération avait d’ailleurs rendu compte à diverses occasions, louant la sérénité du cadre, propice à un travail fouillé et sérieux.
Dans une longue lettre ouverte, Frédéric Ferrer ne fait pas mystère de sa consternation face à une telle décision, à l’évidence consécutive à une relation distendue avec la structure qui l’hébergeait. «Cette décision, écrit-il, signifie la fin d’une expérience originale et singulière, dans le paysage théâtral français […] La fin de l’utopie d’un espace artistique de création, de liberté, de rencontre et d’échange. Un "asile" culturel, tout près des chambres et des couloirs, pour questionner le monde ou prendre un café […] La fin d’un lieu qui permettait de porter un autre regard sur l’hôpital, sur ces espaces souvent considérés, et de plus en plus aujourd’hui, comme des lieux de l’enfermement, de la relégation, de l’étrangeté.»