Depuis 1996, 23 États américains, ainsi que le district de Columbia, ont légalisé le cannabis thérapeutique. Ces nouvelles législations ont provoqué des craintes quant à l’effet que pourrait avoir une plus grande disponibilité du cannabis sur la consommation des jeunes.
Selon une étude publiée dans le « Lancet Psychiatry », et financée par le US National institute on drug abus (NIDA), la légalisation du cannabis thérapeutique ne se serait pas accompagnée d’une augmentation de la consommation de marijuana des adolescents, en tout cas dans 21 États américains étudiés par les auteurs.
Le Dr Deborah Hasin et ses collègues du département d’épidémiologie de l’école de santé publique de l’université de Columbia, à New York, se sont appuyés sur une enquête conduite tous les ans, dans 400 écoles réparties dans l’ensemble des États-Unis, auprès de jeunes de 13 à 14 ans, de 15 à 16 ans et de 17 à 18 ans. Au cours de cette enquête, il est notamment demandé aux participants s’ils ont consommé du cannabis dans les 30 jours qui précèdent. Les épidémiologistes ont ainsi réuni des informations concernant la consommation de cannabis de plus d’un million d’adolescents entre 1991 et 2014.
Le cannabis n’est plus considéré comme transgressif
Pendant les 24 ans étudiés, la consommation de cannabis était plus répandue dans les États qui ont, à un moment donné, adopté la légalisation du cannabis thérapeutique, avec une prévalence de 15,87 % contre 13,27 % dans les autres États. Cependant, la consommation n’a pas significativement varié suite à la légalisation : 16,25 % en moyenne avant que la loi soit votée, contre 15,45 % après.
Les auteurs précisent qu’ils ont tenu compte des évolutions des modes de consommation du cannabis au cours des 24 années concernées, ainsi que d’autres facteurs confondants, comme l’âge, l’ethnie et le type d’école. Ils rappellent également que la légalisation du cannabis pourrait modifier la perception de cette substance sur le plus long terme, ce qui nécessitera d’avantage d’investigations.
La légère diminution observée après l’adoption des lois autorisant le cannabis thérapeutique pourrait être le signe que la consommation de cannabis n’est plus considérée comme un acte transgressif, notent les auteurs. Le fait que les États qui ont légalisé la marijuana sont également ceux où les niveaux de consommation sont les plus élevés a également éveillé l’attention des auteurs : « Il doit y avoir des facteurs de risques liés à ces États qui expliquent les deux phénomènes », estiment-ils.
Dans un éditorial accompagnant l’étude, le Dr Kevin Hill, psychiatre addictologue dans le Massachusetts, estime qu’il y a désormais un « ensemble de plus en plus important de preuves qui montrent que la légalisation du cannabis n’augmente pas la consommation des adolescents. Les décisions politiques concernant la légalisation du cannabis devraient au mois partiellement être guidées par ce genre de résultat. »
Damien Coulomb
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