Il est souvent difficile, en pédopsychiatrie, de différencier certains troubles affectant le comportement ou la gestion des émotions[1]. Pour mieux les départager, on pourrait s’appuyer sur d’autres caractères que le seul tableau clinique, si possible sur des traits physiopathologiques sous-jacents. Désormais esquissée grâce aux nouvelles techniques de neuro-imagerie, en particulier la tractographie[2] (informant sur l’état de la matière blanche et de la connectivité), cette approche a suscité une étude réalisée aux États-Unis chez 90 jeunes (âgés en moyenne de 13,8 ans ± 2,1 ans) avec troubles du comportement ou de la gestion des émotions, et chez 30 sujets-contrôles appariés pour l’âge et le sexe. Objet de cette recherche : déterminer si l’imagerie du tenseur de diffusion appliquée à la tractographie peut identifier des corrélations entre des structures neurologiques et des troubles de la gestion des émotions.
Recourant à une étude en tractographie probabiliste[3], les auteurs ont examiné les relations entre les troubles émotionnels et comportementaux et la structure de la matière blanche dans des régions-clés des circuits de régulation des émotions : cingulum, faisceau unciné, et forceps mineur (radiations antérieures du corps calleux). Une double hypothèse a été proposée :
1) Il existerait en tractographie une fraction d’anisotropie « significativement plus faible» chez les jeunes présentant des troubles de la régulation des émotions (associés ou non à des troubles du comportement) que chez ceux ayant seulement des troubles du comportement.
2) Il existerait une « relation inverse significative » entre l’évaluation de la sévérité des troubles affectifs et celle de la fraction d’anisotropie, pour l’ensemble des participants.
Les analyses (en régression multiple) réalisées suggèrent qu’une « anomalie structurale de la matière blanche » dans le faisceau unciné et le cingulum peut sous-tendre une mauvaise gestion des émotions mais non des comportements dans divers troubles rencontrés en pédopsychiatrie, et qu’un « mécanisme neurologique différent » intervient probablement pour les troubles du comportement et pour les troubles de la gestion des émotions.
[1] Behavioral Dysregulation Disorders (et comorbidités ou troubles apparentés, souvent associés à des troubles du comportement, notamment des Troubles Déficitaires de l’Attention avec Hyperactivité) : Disruptive Behavior Disorders (comportements perturbateurs), Oppositional Defiant Disorders (Troubles oppositionnels avec provocations), Emotional Dysregulation Disorders (Troubles de dérèglement émotionnel).
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Tractographie[3]http://www.etsmtl.ca/ETS/media/ImagesETS/Labo/LIVIA/Projects/ProjectDescription2_fr.pdf
Dr Alain Cohen
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