Publié le 27/11/2023
Dr Roseline Péluchon
Alors que la stratégie 2023-2027 contre les troubles du neurodéveloppement vient d’être dévoilée en France, le British Medical Journal publie fort à propos les résultats d’une méta-analyse reprenant les différentes interventions préconisées contre l’autisme et les effets estimés sur le développement de l’enfant.
Les troubles du spectre autistique concerneraient entre 1 % et 4 % de la population, selon les études. Si la stratégie française met l’accent sur le dépistage réalisé le plus tôt possible, c’est que des interventions précoces sont fortement recommandées, afin de favoriser, chez les jeunes enfants, l’acquisition de compétences qui contribueront à des comportements positifs à long terme.
Toutefois, le type de ces interventions varie beaucoup selon les pays, notamment en termes d’approche et d’intensité. Par exemple, aux Etats-Unis la prise en charge la plus souvent recommandée est l’intervention comportementale intensive précoce, basée sur l’analyse appliquée du comportement, et dispensée pendant plusieurs années à raison de 20 à 40 heures par semaine. Au Royaume-Uni, en revanche, les interventions préconisées sont d’intensité plus faible, à l’image du programme JASPER (pour Joint Attention, Symbolic Play, Engagement, Regulation : attention conjointe, jeu symbolique, engagement, régulation).
Des effets variables selon les types d’intervention
La méta-analyse réalisée est une mise à jour d’une précédente synthèse datant de 2017. En 4 ans, les données disponibles ont doublé, y compris les essais randomisés contrôlés. L’analyse actuelle porte donc sur 252 études, incluant au total plus de 13 000 participants. Elle porte principalement sur les interventions comportementales, les interventions développementales, les interventions comportementales de développement naturaliste (NDBI) et les interventions basées sur la technologie.
Les interventions comportementales ont pour objectif de réduire les comportements inadaptés, leur fréquence et leur intensité, auxquels est associé l’apprentissage de nouveaux comportements. Il apparaît dans cette méta-analyse qu’elles peuvent avoir des effets positifs significatifs sur les comportements émotionnels ou sur les comportements difficiles. Les auteurs signalent toutefois le manque d’essais randomisés permettant d’évaluer l’efficacité de l’intervention comportementale intensive précoce en comparaison avec les programmes moins intensifs.
Les interventions développementales, quant à elles, ont pour objectif de promouvoir le développement fonctionnel des enfants dans différents domaines (communication, langage, relations sociales, troubles sensoriels et moteurs, troubles cognitifs, etc.). Les essais randomisés contrôlés inclus dans l’analyse confirment que ce type de prise en charge a des effets positifs significatifs sur la communication sociale.
Les interventions comportementales de développement naturaliste (NDBI)consistent en des thérapies basées sur des activités de jeu, dans lesquelles l’enfant tient une place prépondérante, avec ses propres intérêts, affinités et initiatives. Plusieurs modèles de ce type existent. Elles ont de naturaliste le fait de prendre place dans les environnements et les routines de la vie quotidienne de l’enfant. Il s’agit de la prise en charge la plus souvent étudiée au cours de la période récente, et l’analyse des essais réalisés suggère qu’elle améliore le comportement adaptatif, le langage, le jeu, la communication sociale et les mesures utilisées pour la caractérisation de l’autisme.
Les méthodes basées sur la technologie (incluant ordinateurs, tablettes ou robots) font l’objet d’un certain engouement car elles sont nouvelles et motivantes, mais les essais réalisés, bien que nombreux, sont encore récents et ne confirment qu’une efficacité à court terme.
Enfin, d’autres approches sont moins étudiées : la médiation animale, les thérapies cognitivo-comportementales, la musicothérapie, les thérapies d’intégration sensorielle. Leur pratique, assez fréquente, exige que des essais soient menés afin d’évaluer leurs résultats.
De nombreux champs de recherche sont encore à investir
Les auteurs concluent que, bien que les études dans ce domaine aient « proliféré » au cours des dernières années, l’amélioration de la qualité méthodologique de ces étude a été un peu oubliée. Certains résultats à haut niveau de preuve existent toutefois, qui suggèrent que la méthode NDBI peut améliorer les caractéristiques fondamentales de l’autisme. Les auteurs soulignent que rien ne prouve que de tels résultats soient souhaitables pour les personnes concernées, étant donné que ces caractéristiques ne se limitent pas aux traits à modifier pour influencer le développement autistique dans un sens favorable.
Il apparaît que les interventions tendent à avoir des effets plus importants sur de petits changements spécifiques dans des contextes précis et des effets moindres sur l’amélioration développementale globale. Ils précisent aussi qu’il est impossible de peser la balance bénéfices/inconvénients des différentes interventions, les effets indésirables n’étant pas signalés de manière adéquate dans la majorité des études.
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