Publié le 01/12/2023
Geneviève Perennou
La douleur chronique affecte entre 15 % et 25 % des enfants d'âge scolaire, en particulier les filles, et cette prévalence est en augmentation. Définie comme une douleur persistante pendant plus de 3 mois, elle peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie. Selon la CIM-11, elle peut être classée en sept catégories, couvrant des domaines tels que la douleur primaire, liée au cancer, post-traumatique et post-chirurgicale, neuropathique, viscérale, musculosquelettique, et céphalée/orofaciale.
Diverses pathologies, dont les maladies inflammatoires de l'intestin, la drépanocytose, les migraines chroniques, le syndrome douloureux régional complexe, ainsi que des conditions mixtes, peuvent provoquer des douleurs chroniques chez les enfants. Une gestion inadéquate expose ces jeunes à un risque accru de dépression, d'anxiété, d'isolement social et de baisse de qualité de vie (Tutelman et al., 2021).
Le prurit chronique est défini comme une démangeaison persistant pendant plus de 6 semaines et est caractéristique de plusieurs maladies dermatologiques telles que l'eczéma atopique, le lichen plan et la gale. Elle est associée à une qualité de vie réduite et peut avoir un impact aussi important que la douleur chronique.
Les recherches récentes se sont orientées vers le développement de méthodes de distraction pour aider les enfants à faire face à la douleur, méthodes pouvant être facilement intégrées aux soins infirmiers (Comparcini et al., 2023). Ces stratégies comportent l'utilisation de la musique, des massages, des exercices de respiration, de l'hypnose, de la thérapie comportementale, de la distraction et de l'imagerie guidée.
Quelques données sur la réalité virtuelle dans la douleur et le prurit chroniques
Si l'efficacité de la réalité virtuelle (RV) pour la douleur aiguë chez les adultes soit établie, il existe moins d'études sur son impact sur la douleur chronique. La RV transporte virtuellement une personne dans un monde imaginaire, la détournant physiquement du monde réel pour créer une immersion dans un environnement généré par ordinateur.
Les signaux nerveux responsables de la douleur persistante et du prurit prolongé peuvent partager des origines similaires au niveau des terminaisons nerveuses cutanées (Sharif et al., 2020). Ainsi, les chercheurs supposent que la RV pourrait servir à distraire de manière efficace des symptômes désagréables, comme ceux provoqués par l'eczéma. Bien que deux petites études aient exploré la RV pour le prurit chez les adultes avec des résultats préliminaires encourageants (Baschong et al., 2021 ; Leibovici et al., 2009), l'effet spécifique de la RV sur le soulagement du prurit chez les enfants reste à étudier.
Une revue de la portée à l’aide du cadre PAGER
L’étude, conforme aux recommandations de l'Institut Joanna Briggs, au cadre PAGER et à la méthode PRISMA-ScR, a exploré les bases de données médicales en ligne entre 2000 et 202. Parmi les 464 résumés examinés ayant trait aux problématiques de douleur ou prurit persistants, seuls 35 articles complets ont été évalués, dont 5 répondaient aux critères d'éligibilité.
Trois thèmes principaux ont émergé des études incluses : (1) améliorations de la douleur et du fonctionnement quotidien ; (2) perceptions positives de la VR et (3) accessibilité et faisabilité de la VR. Aucun article n'a été trouvé sur l'effet de la VR sur le soulagement du prurit.
Les données permettent de mettre en évidence la faisabilité en milieu hospitalier, en consultation externe ou à domicile de la RV qui est bien acceptée chez les enfants et les adolescents, entraînant des améliorations notables dans la gestion de la douleur, le fonctionnement quotidien, la mobilité et la qualité de vie liée à la maladie. Cependant, bien que des études aient été menées, aucune n'a spécifiquement examiné l'effet de la RV sur le soulagement du prurit.
En conclusion, la réalité virtuelle se présente comme une option prometteuse, sure et acceptable pour améliorer la gestion de la douleur chronique chez les enfants et les adolescents. Des lacunes subsistent, notamment l'absence d'étude sur l'effet de la RV sur le prurit.
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