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vendredi 8 décembre 2023

Appétit, humeur, sommeil 24 heures au rythme de nos hormones


Appétit, humeur, sommeil 24 heures au rythme de nos hormones

C’est grâce à l’une que l’on s’endort le soir et grâce à une autre que l’on arrive à sortir de son lit le matin. Pour que tout cela fonctionne harmonieusement, les hormones vont et viennent au rythme de nos besoins et de leur programmation.

Quand il s’agit du système endocrinien, tout est une question d’équilibre, mais aussi d’horloge. C’est une mécanique minutieuse qui fait apparaître des hormones à des moments clés de la journée ou, au contraire, inhibe leur sécrétion. Plongée dans une journée ordinaire, rythmée par la valse des hormones.


7 h • Au chant du coq


Le soleil apparaît, les oiseaux chantent et le cortisol atteint sa concentration maximale juste avant le réveil pour nous préparer à affronter la journée. Cette hormone ordonne au foie de produire davantage de glucose, tandis qu’elle indique aux muscles et au tissu adipeux de diminuer le captage et le stockage de ce glucose. Elle les enjoint également de puiser dans leur stock de protéines et de lipides afin de relarguer des acides aminés et des acides gras. Ce processus est essentiel pour nous faire émerger du sommeil et pour que nous soyons en mesure de réaliser les activités physiques et intellectuelles qui nous attendent. Sa production décroît ensuite pour être presque indécelable la nuit.


8 h • Le bip de la cafetière


L’heure du croissant et du café a sonné et votre estomac sait bien vous le faire comprendre en libérant la ghréline. Cette hormone est la seule, à ce jour, à stimuler l’appétit et augmenter la prise alimentaire en agissant sur le cerveau. Des dosages réalisés sur une période de 24 h ont révélé trois pics : 8 h, 13 h et 18 h. La libération de ghréline démarre un peu avant un repas pour s’arrêter à la fin de celui-ci.


10 h • En forme !


La journée commence. Notre corps et surtout notre cerveau ont besoin d’énergie pour être performants. Entre alors en scène l’adiponectine, une hormone produite par le tissu adipeux. Elle favorise l’utilisation par les muscles des sucres et des lipides ingérés durant les repas plutôt que leur stockage, et diminue la production de glucose dans le foie. Par ses actions, elle est considérée comme un agent antidiabétique puissant. L’adiponectine commence à être sécrétée à 10 h, avec un pic entre 12 h et 14 h, avant de disparaître progressivement.


13 h • Il se fait faim


Un nouveau pic de ghréline fait gargouiller votre ventre. C’est l’heure de faire une pause et d’aller déjeuner !


14 h • Digestion en cours…


Le glucose arrive en abondance dans le sang pendant la digestion, ce qui fait réagir le pancréas. Entre 14 h et 18 h, il libère davantage d’insuline pour qu’une grande partie de ce glucose soit mise en réserve dans les muscles, le tissu adipeux et le foie. Si les capacités de stockage hépatique sont saturées, l’insuline donne l’ordre au foie de convertir le surplus de sucre en graisse. Dans le même temps, elle limite la production hépatique de sucre et sa libération de sucre pour normaliser la glycémie. Après avoir atteint son zénith vers 17 h, l’insuline se fait de plus en plus discrète jusqu’au lendemain.


18 h • Bientôt le dîner ?


La ghréline fait son retour et vous rappelle que l’heure du dîner approche. Mieux vaut ne pas faire ses courses à ce moment-là, au risque d’acheter plus que nécessaire ou de se jeter sur des aliments gras et sucrés.


20 h • La tombée du jour


Vous commencez à bâiller, vos paupières deviennent lourdes, et vous songez à vous glisser dans vos draps ? La mélatonine, quasi imperceptible en journée, débute son action. Sécrétée par la glande pinéale logée dans notre cerveau, cette hormone n’apparaît que lorsque les rayons lumineux se font rares. Aussi, l’hiver, sa sécrétion démarre vers 18 h-19 h, tandis que l’été, elle n’est libérée qu’à partir de 21 h-22 h. Sa concentration augmente en flèche toute la soirée pour atteindre son zénith entre minuit et 4 h du matin, puis décroît doucement jusqu’à l’aube.

Surnommée l’hormone du sommeil, la mélatonine est l’une des gardiennes du cycle veille-sommeil. Un système bien huilé jusqu’à la soixantaine… En effet, la sécrétion de mélatonine diminue inexorablement avec l’avancée en âge. Une personne de 70 ou 80 ans présente parfois des taux si faibles qu’ils sont indétectables. C’est pourquoi certains seniors restent éveillés plus longtemps le soir ou ont des nuits plus courtes qu’auparavant.


00 h • Un sommeil très actif


Tandis que vous dormez sur vos deux oreilles, le système endocrinien continue de tourner à plein régime. Un pic de leptine, une hormone sécrétée par le tissu adipeux lorsqu’il est gorgé de gras, indique aux centres de l’appétit situés dans l’hypothalamus que le corps a stocké suffisamment d’énergie et qu’il n’est plus nécessaire de manger. Un sentiment de satiété bien utile pour ne pas être réveillé par son estomac vide au beau milieu de la nuit. La vasopressine, ou hormone antidiurétique, dialogue avec les reins pour limiter la production d’urine d’environ de moitié. Une élimination réduite de l’eau qui évite de nombreux allers-retours aux toilettes, mais qui permet également d’éviter la déshydratation.

La nuit est aussi le moment propice pour que l’organisme se régénère. Et c’est le rôle de l’hormone de croissance qui profite du sommeil profond pour œuvrer. Indispensable à la croissance des enfants, cette hormone produite par l’hypophyse joue aussi un rôle clé chez l’adulte en favorisant la synthèse des protéines dans le muscle, l’utilisation des acides gras stockés dans le tissu adipeux ou encore la cicatrisation des muscles endoloris.


Un ballet bien orchestré


Les fluctuations de production des hormones sont liées au rythme circadien, dont la durée est d’environ 24 h. Le métronome central est niché dans une toute petite région de notre cerveau, l’hypothalamus, composée d’environ 20 000 neurones et dont l’activité est régulée par seulement une dizaine de gènes. À cela s’ajoutent une multitude d’horloges périphériques dans presque tous les tissus de l’organisme. Une horloge biologique qui doit être entraînée chaque jour par des donneurs du temps afin qu’elle puisse coïncider avec l’alternance jour/nuit. Le plus puissant des synchroniseurs est la lumière du jour, mais les repas ou la température extérieure l’influencent également. Et si beaucoup d’hormones sont soumises à ces rythmes physiologiques, certaines participent à leur stabilisation, en particulier la mélatonine en informant l’organisme que la nuit est tombée.


Vivre à rebours du rythme circadien, un mauvais pari


De nombreuses études scientifiques ont montré que vivre en décalage des rythmes circadiens, et donc à rebours des rythmes hormonaux, fait le lit des maladies cardiovasculaires, de l’obésité ou encore du diabète de type 2. De fait, beaucoup d’études ont révélé que l’irrégularité des repas, mais aussi les dîners après 21 h ou le grignotage nocturne modulent la production des hormones indispensables à la régulation du métabolisme du sucre et du gras. Les adeptes du frichti tardif présentent ainsi des taux de leptine plus bas et, à l’inverse, des pics d’insuline plus élevés que les personnes dînant vers 19 h. Ils ont donc beaucoup plus faim et stockent bien plus que les autres. De même, les enquêtes et travaux auprès des travailleurs de nuit montrent que leur appétit est plus féroce et leurs assiettes bien plus copieuses, en particulier en aliments sucrés et gras, que celles des personnes travaillant à des horaires plus classiques. Mais ces employés de nuit subissent une double peine. Outre une faim de loup, les privations de sommeil bouleversent leur production de cortisol, d’insuline, de leptine, de ghréline et d’hormone de croissance. Des dérégulations qui favorisent la prise de poids, l’apparition d’une intolérance au glucose et, sur le long terme, d’un diabète de type 2. Les risques de maladies cardiovasculaires et d’hypertension artérielle sont également augmentés. Car, pour le bon fonctionnement de l’organisme, de nombreuses hormones ne doivent pas être produites en continu.


→ Experts consultés : Pr Philippe Chanson, chef du service d’endocrinologie et des maladies de la reproduction, hôpital Bicêtre, Paris ; Arnaud Rabat, chercheur en neuro­sciences à l’Institut de recherche biomédicale des armées.


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