Publié le 02/09/2023
Aux Etats-Unis, les réticences sur les vaccins sont désormais si grandes que des propriétaires de chiens ne veulent plus faire vacciner leurs animaux.
L’idée que les vaccins des enfants puissent favoriser le développement de l’autisme est une des théories du complot les plus anciennes et les plus répandues, bien qu’il ait été maintes fois prouvé qu’elle ne reposait sur absolument aucune donnée concrète. Croire, sans l’ombre d’une preuve, que les vaccins provoquent l’autisme est déjà étonnant. Mais il est sans doute encore plus saugrenu de croire que les vaccins puissent provoquer l’autisme…chez le chien. Et pourtant, 40 % des Américains propriétaires de chiens craignent que les vaccins puissent les rendre autistes.
Ce chiffre hallucinant a été obtenu dans le cadre d’un sondage publié samedi dernier et réalisé par des chercheurs de l’université de Boston pour mesurer l’ « hésitation vaccinale canine » chez les propriétaires de chiens aux Etats-Unis. La méfiance envers les vaccins, accusés au mieux d’être inefficaces, au pire d’être dangereux, a en effet le vent en poupe aux Etats-Unis, parfois pour des raisons religieuses, parfois par simple défiance pour les institutions. La pandémie de Covid-19 et les polémiques sur la vaccination ont renforcé cette méfiance envers les vaccins : 80 % seulement des Américains estiment désormais qu’il est important de vacciner les enfants, contre 93 % avant l’épidémie.
Un chien peut-il être autiste ?
Les chercheurs de l’université de Boston ont voulu déterminer si cette hausse de l’hésitation vaccinale existait également lorsqu’il s’agit d’immuniser nos amis à quatre pattes. Ils ont ainsi interrogé 2 200 propriétaires de chiens aux Etats-Unis. Parmi eux, 53 % ont répondu qu’ils considéraient que les vaccins étaient dangereux pour les chiens, inefficaces ou inutiles. Et 40 % craignent que le vaccin puisse favoriser le développement de l’autisme chez leur animal. Pourtant, l’existence même de l’autisme chez le chien est discuté par les vétérinaires.
« Ce sondage prouve que la Covid-19 a profondément affecté la manière dont les Américains perçoivent les vaccins » commente Matt Motta, le principal auteur de ce travail. Ce n’est pas la première fois qu’une étude signale une augmentation de l’hésitation vaccinale pour les animaux de compagnie. En 2021, une publication réalisée au Canada et aux Etats-Unis avait montré que les opposants à la vaccination pour les enfants avaient tendance à ne pas faire vacciner leurs chiens.
Demain les chiens
Tout comme chez les humains, l’hésitation vaccinale pour les chiens peut avoir des conséquences dramatiques, pour ces animaux mais aussi pour les humains. En effet, 99 % des cas de rage dans le monde sont dus à des morsures de chiens rabiques et le vaccin contre la rage est obligatoire pour les chiens dans la plupart des Etats américains. La rage étant, rappelons-le, mortelle dans 100 % des cas après l’apparition des symptômes, une baisse de la couverture vaccinale chez les chiens en raison de l’hésitation vaccinale pourrait donc avoir des effets désastreux en termes de santé publique.
Alors que de plus en plus de militants antivaccins demandent l’abandon des politiques de vaccination obligatoire pour les enfants, Matt Motta s’inquiète que les chiens puissent être les prochains sur la liste. « Nous vivons dans un monde où les Etats envisagent d’abandonner la vaccination obligatoire des enfants, alors pourquoi pas pour les chiens ? » constate-t-il amèrement.
Quentin Haroche
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