Publié le 21/08/2023
L’allaitement apporte des bénéfices à la santé de la mère et de l’enfant. Chez l’enfant, une association positive entre allaitement et Quotient Intellectuel (QI) a été démontrée. La façon dont l’allaitement contribue aux autres compétences cognitives telles que le développement du langage, l’intelligence non-verbale et les fonctions exécutives reste obscure.
Une association positive entre durée de l’allaitement et compétences langagières a été établie mais à l’aide de données limitées tandis que l’association avec intelligence non-verbale et fonctions exécutives fait l’objet de résultats contradictoires. La recherche est rendue difficile par l’impossibilité de randomisation et la présence de nombreux facteurs maternels confondants. Maîtriser ces facteurs est crucial pour permettre une évaluation fiable de l’impact de la durée de l’allaitement sur le développement cognitif.
Plus de 10 000 enfants suivis à long terme, 3 types de compétences testées
Les données concernant les enfants sont issues du programme du gouvernement australien Growing up in Australia qui ont été réparties en 2 cohortes d’âge : une cohorte entre la naissance et la 1ère année de vie (N=5 107) et une cohorte d’enfants recrutés entre 4 et 5 ans (N = 4982). L’étude est toujours en cours et les premiers participants sont aujourd’hui âgés de 18 à 22 ans. Les enfants adoptés (32) ont été exclus de l’étude.
Les compétences langagières ont été évaluées aux âges de 5, 7 et 9 ans à l’aide de la version australienne du Peabody Picture Vocabulary Test 3ème ed. L’intelligence non-verbale a été évaluée aux âges de 7,9 et 11 ans à l’aide du Matrix Reasoning, issu de l’échelle Wechsler 4ème Ed. Les fonctions exécutives ont été évaluées à l’âge de 15 ans au travers de 3 tests issus de la batterie Cogstate Cognitive Testing.
L’analyse statistique a été effectuée en utilisant plusieurs modèles de régression linéaire à effets mixtes : 2 pour les compétences langagières/intelligence non verbale et 3 pour les fonctions exécutives. La durée totale de l’allaitement, la variable prédictrice, a été renseignée par les mères. Les autres variables prises en compte étaient : le sexe, l’âge gestationnel de naissance, l’âge réel au moment du test, la consommation maternelle d’alcool et de tabac pendant la grossesse, la dépression maternelle post-natale, le niveau d’éducation maternel et paternel, l’âge des parents au moment de la naissance.
Une relation dose-réponse, mais pas sur les fonctions exécutives
Les résultats montrent une association significative entre une durée de l’allaitement plus longue et de meilleurs compétences langagières entre 5 et 9 ans (β=0,05 [IC 95 % 0,03-0,08], p < 0,0001), et l’intelligence non verbale entre 9 et 12 ans (β=0,02 [IC 95 %, 0,01-0,04], p < 0,001). En revanche, il n’est pas retrouvé d’association significative entre la durée de l’allaitement et les fonctions exécutives à l’âge de 15 ans.
S’il convient de noter que si les résultats indiquent des associations positives entre la durée de l'allaitement et les aptitudes cognitives pendant l’enfance et le début de l’adolescence, ils n'impliquent pas de lien de cause à effet. Les auteurs proposent que l’amélioration des compétences langagières associée à une durée plus longue de l’allaitement pourrait résulter d’interactions verbales plus adaptées au développement du bébé au cours des tétées au sein. L’amélioration de l’intelligence non verbale pourrait quant à elle être en rapport avec la présence dans le lait maternel d’acides gras essentiels polyinsaturés à très longue chaine de carbone qui pourrait favoriser le développement neurologique.
Laurence Girard, IPDE
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