L’autre jour, en me documentant, je suis tombée sur un point de vue décapant. « Etre parents d’enfants adultes, ça n’existe pas ! », annonçait Psychologies Magazine en titre d’une interview, en 2021. Les deux psychopraticiens interrogés, Marie-France et Emmanuel Ballet de Coquereaumont, développent dans un livre (Vos parents ne sont plus vos parents, Eyrolles, 2020) la thèse selon laquelle la fonction parentale n’a qu’un temps, celui de l’enfance ; après, chacun dans la famille doit pouvoir s’en détacher pour vivre des relations d’adultes épanouissantes. Les ex-parents n’auront ainsi pas à s’occuper d’enfants de 30, 40 ou 50 ans, et à faire passer leur propre vie au second plan ; et les ex-enfants ne risqueront pas d’être « enfermés dans une relation dissymétrique et hiérarchique, cantonnés au rôle de “petits” ».
Je crois qu’on a tous là quelques exemples qui nous viennent en tête de moments où l’on s’est senti infantilisé. Comme Orelsan dans Défaite de famille (2017) : « J’ai plus de 30 ans, et j’suis toujours assis à la table des enfants ». Il me revient aussi en mémoire cette interrogation d’une amie, lors d’une promenade, il y a quelques années. Elle était en train de changer de vie du tout au tout et se demandait comment l’annoncer à ses parents. Elle m’avait dit, en s’arrêtant net : « Mais est-ce que j’ai vraiment à leur dire quoi que ce soit ? Cela ne les regarde pas ! Je suis adulte, je n’ai pas à me justifier de mes choix. »
Du côté des parents, il peut y avoir quelque chose de rassurant à penser que leur tâche prendra fin un jour : « C’est une mission, un métier à durée déterminée, pas un CDI ! », s’exclament les deux psys dans l’interview. A une époque où l’entrée sur le marché du travail est précarisée, où les études supérieures s’allongent, où de nombreux jeunes actifs se voient contraints de retourner un temps chez leurs parents, cette prophétie à caractère managérial se veut porteuse d’espoir.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire