Elsa Gambin — Édité par —
Au CHU de Nantes, le service en sous-effectif chronique tente de tenir le coup face à un véritable raz de marée de mal-être, en particulier chez les mineurs.
Les urgences du CHU de Nantes, en grève illimitée depuis octobre 2022, voient le service des urgences psychiatriques rejoindre leur mouvement. Sur cette photo prise en 2019, la crise avait déjà commencé. | Mathieu Thomasset / Hans Lucas via AFP
La santé mentale concerne tout le monde. Elle fluctue au cours de nos vies, plus ou moins poreuse à la société qui nous entoure, mais toujours solidement ancrée dans notre histoire. Pas toujours bien connues, les urgences psychiatriques sont un maillon important dans le domaine de la santé mentale en France. Pourtant, elles sont aujourd'hui, comme d'autres services, au bord de l'implosion.
Le CHU de Nantes est l'un des plus gros centres réservés aux urgences psychiatriques (UP) de l'Hexagone. On y compte plus de 10.000 entrées par an. Cette unité fonctionnelle, ouverte 24h/24 et 365 jours par an, possède des locaux différenciés des urgences dites «classiques», mais se trouvent au sein du même bâtiment. «Il ne faut pas avoir peur des mots: ce sont bien des urgences psychiatriques, souligne d'emblée la docteure Hélène Vergnaux, responsable de l'unité depuis 2006. La dénomination est importante. Nous sommes avant tout des urgentistes, mais spécialisés en psychiatrie. Et on tient à cette appellation d'urgentistes.»
Ici, on reçoit toute personne de plus de 15 ans et 3 mois «en souffrance psychique, qui fait une demande dont la réponse rapide et adéquate ne peut être différée, afin d'en atténuer le caractère aigu». Les UP disposent aussi de leur propre équipe soignante, cinq médecins psychiatres, neuf infirmiers et deux internes en psychiatrie. La garde de nuit y est changeante, effectuée par un autre psychiatre du CHU (environ une cinquantaine de soignants tournent pour cette garde).
Consultation et orientation
Mickaël, la trentaine, a un jour été orienté vers les urgences psychiatriques de sa ville par son médecin traitant, inquiet de ses idées suicidaires. «C'était pendant le couvre-feu, après une crise de boulimie. C'était soit ça, soit je me suicidais. J'ai été très bien reçu, l'infirmière puis le psychiatre ont été très bienveillants. J'étais soulagé de savoir que ça existait.» Guillaume, lui, après une tentative de suicide qui l'a plongé trois jours dans le coma, est passé par les UP à son réveil. «J'y suis resté une nuit. Ils essaient de poser le diagnostic, pour nous orienter. Ils nous voient assez rapidement, c'est l'hôpital public, ils font ce qu'ils peuvent.»
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