Le Monde avec AFP Publié le 20 novembre 2022
Les inégalités sociales et territoriales empêchent « un trop grand nombre d’enfants d’avoir accès à l’école, aux services de santé ou de protection », déplore l’Unicef France.
Plus d’un enfant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, et plus de 42 000 sont sans domicile : la France doit encore réaliser des progrès pour garantir les droits des enfants, en particulier ceux des plus fragiles, souligne l’Unicef dans un communiqué dimanche 20 novembre, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant.
Les inégalités sociales et territoriales empêchent « un trop grand nombre d’enfants d’avoir accès à l’école, aux services de santé ou de protection », déplore l’Unicef France. « Les enfants les plus vulnérables, qu’ils soient en situation de grande pauvreté, de handicap, victimes de violences (…) peinent à voir leurs droits les plus élémentaires garantis », ajoute l’organisme, qui prépare un rapport destiné aux experts du Comité des droits de l’enfant de l’ONU.
En outre, la France a recours à des pratiques contraires aux principes de la Convention internationale des droits de l’enfant, comme l’enfermement administratif des enfants lorsque les familles en situation irrégulière vont être expulsées, dénonce l’Unicef. Depuis 2012, au moins 33 786 enfants ont été placés en rétention, dont l’immense majorité à Mayotte et 1 460 en métropole.
« La situation est inquiétante, même si des progrès ont été réalisés. Les mineurs ne sont pas suffisamment protégés en France, ils ne peuvent pas suffisamment vivre leur vie d’enfant », a commenté Adeline Hazan, présidente de l’Unicef France. Elle juge dans une interview au Journal du dimanche (JDD) que l’enfermement d’enfants en centres de rétention pour étrangers doit être « interdit ».
Appel à la création d’un ministère de l’enfance
L’Unicef reconnaît toutefois des améliorations depuis 2016, date de la dernière évaluation de la France par le Comité des droits de l’enfant. Elle souligne, par exemple, le développement de politiques publiques consacrées aux enfants.
Le gouvernement a ainsi lancé en 2019 un plan de lutte contre les violences faites aux enfants. Il a aussi mis des mesures en place pour renforcer l’accompagnement des mille premiers jours de l’enfant. Ces politiques sont toutefois « très éparses », ce qui nuit à « leur lisibilité » et à « leur efficacité », regrette l’Unicef, qui appelle à la création d’un ministère de l’enfance.
Dans son interview au JDD, Adeline Hazan dénonce, en outre, les difficultés pour les enfants d’accéder aux structures liées à la santé mentale. « Il faut attendre six mois à un an et demi pour avoir un rendez-vous dans un centre médicopsychologique », déplore-t-elle, or « les conséquences sont parfois dramatiques, conduisant à hospitaliser des enfants ou des adolescents ». Quant à l’Aide sociale à l’enfance (ASE), « il y a de plus en plus d’enfants » qui lui sont confiés, « mais le coût moyen de prise en charge diminue, et avec lui la qualité de l’accueil », pointe-t-elle.
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