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mardi 22 novembre 2022

Au rapport Les enfants de jihadistes s’adaptent bien une fois rapatriés, selon Human Rights Watch

par LIBERATION et AFP   publié le 21 novembre 2022

Les enfants de jihadistes «se réintègrent avec succès dans leur pays d’origine», se sociabilisant comme les jeunes de leur âge, peut-on lire lundi dans un rapport de Human Rights Watch (HRW) intitulé «Mon fils est juste un enfant comme les autres».

Du grain à moudre pour les pays les plus réticents au retour des enfants de jihadistes sur leur territoire, dont la France fait partie. Une fois rapatriés, la grande majorité de ces mineurs «se réintègrent avec succès dans leur pays d’origine», Human Rights Watch (HRW), dans un rapport publié ce lundi intitulé Mon fils est juste un enfant comme les autres. L’ONG basée à New York, a interrogé des proches, parents d’accueil, assistants sociaux et enseignants d’une centaine d’enfants âgés de deux à 17 ans, tous revenus de zone irako-syrienne entre 2019 et 2022 et ce dans les sept pays suivants : Allemagne, France, Kazakhstan, Ouzbékistan, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède.

Résultat : 89 % des personnes interrogées estiment que l’enfant s’adapte «très bien» ou «assez bien», en dépit des mois passés sous le joug de l’organisation Etat islamique (EI) ou dans l’«horreur» des camps de déplacés du nord-est syrien. Seules 4 % de ces personnes indiquent que l’enfant est en difficulté. «Malgré des souffrances inimaginables, beaucoup se réintègrent remarquablement bien», a déclaré Jo Becker, directrice de la défense des droits des enfants à Human Rights Watch.

Par ailleurs, 73 % des personnes interrogées affirment que l’enfant se débrouille «très bien» ou «assez bien» en classe, malgré un piètre accès à l’éducation durant leur captivité. Depuis 2019, plus de 1 500 enfants sont revenus, selon HRW. Le Danemark, la Russie ou les Etats-Unis entre autres ont fait revenir la plupart de leurs concitoyens, contrairement à d’autres pays, dont l’Australie, la France ou les Pays-Bas. «Les gouvernements devraient supprimer tous les obstacles à une réintégration efficace et veiller à ce que leurs politiques de retour ne causent pas de préjudice inutile à leurs enfants ressortissants», exhorte l’organisation, sur la base de son rapport.

La séparation avec la mère «ajoute un traumatisme»

Car les prises en charge varient d’un pays à l’autre. Alors qu’en Ouzbékistan, les enfants restent avec leur mère, en Belgique, en France et aux Pays-Bas par exemple, ils sont immédiatement séparés, la mère étant détenue ou inculpée pour des faits liés à l’EI. En Suède par exemple, les enfants peuvent être placés en observation pendant trois mois dans un établissement d’accueil spécialisé pour la jeunesse avant d’être placés dans une famille élargie, une famille d’accueil ou une institution.

En Allemagne, les grands-parents ou autres membres de la famille élargie sont généralement en mesure d’assumer immédiatement la responsabilité de la prise en charge des enfants qui reviennent. «Dans de nombreux cas, la séparation a lieu sans avertissement, sans possibilité pour la mère d’expliquer à l’enfant ce qui se passe», note HRW. Or, la séparation avec la mère «ajoute un traumatisme» et devrait être évitée, plaide l’ONG, favorable à des «alternatives non privatives de liberté». Les longs délais avant le placement dans la famille élargie peuvent par ailleurs «saper la stabilité (de l’enfant, NDLR) à long terme», souligne l’ONG.

Environ 56 000 personnes sont détenues à al-Hol et Roj, deux camps en Syrie contrôlés par les Kurdes et où la violence est endémique et les privations nombreuses. Y sont enfermés «arbitrairement» des épouses et enfants d’hommes soupçonnés d’appartenir à l’EI, indique HRW. Plus de 18 000 sont originaires de Syrie, environ 28 000 d’Irak et plus de 10 000 d’une soixantaine d’autres pays, précise HRW.

Selon l’ONG, plus de 60 % sont des enfants. Parmi eux, près de 80 % ont moins de 12 ans et 30 % ont 5 ans ou moins. «Beaucoup ont passé la majorité, sinon la totalité, de leur vie en détention illégale dans le nord-est de la Syrie, dans ce qui équivaut à une punition collective, un crime de guerre», complète l’organisation. Nombreux sont ceux qui souffrent «d’hypothermie, de malnutrition et de maladies évitables». Ils sont confrontés à «des risques croissants de recrutement, de radicalisation et de traite», alerte HRW qui encourage fortement les Etats dont ils sont ressortissants à les rapatrier.


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