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jeudi 29 septembre 2022

Suicide des jeunes : "j'avais l'impression de ne pas être assez bien. De n'être à ma place nulle part"


 



Écrit par Sébastien Bonifay  Publié le 

Le suicide, en France, constitue la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans, après les accidents de la route. La Corse, où 4,3 % des décès dans cette tranche d'âge sont dus au suicide, n'est pas épargnée. Nous avons recueilli le témoignage d'Eric, 39 ans. A l'âge de 16 ans, il avait tenté de mettre fin à ses jours en avalant une surdose de médicaments.

"Je ne m'aimais pas. Voilà tout". Eric ajuste le bracelet de la montre qu'il porte à son bras droit. L'enlève, l'examine comme s'il la voyait pour la première fois, puis la remet. Il reprend. "C'est pour cela que j'ai tenté d'en finir. Et puis je suis parvenu à comprendre pourquoi je ne m'aimais pas. C'est grâce à cela que j'ai pu m'en sortir". Un autre silence, plus long, s'installe. "Mais ça a pris un sacré bout de temps".

Le trentenaire n'a pas de mal à parler sa tentative de suicide, mais, pour être sûr de tout dire, sans rien dissimuler de cette douloureuse expérience, il nous demande de ne pas donner son nom. Et même de modifier son prénom. "Ma famille, mes proches, n'apprendront rien, bien sûr. Ils ont tout vécu. Mais c'était il y a vingt-trois ans. Et mes collègues, mes clients, et la plupart des amis que je me suis faits depuis cette époque n'en savent rien. Je n'en ai pas honte. Mais je n'ai pas envie d'en parler. Et de prendre le risque de ne plus être réduit pour eux qu'à celui qui a voulu mourir". 

Eric sourit, du sourire qu'arborent celles et ceux qui redoutent de mettre mal à l'aise leur interlocuteur. "Encore aujourd'hui, je ne sais pas si je le voulais vraiment, ou pas, d'ailleurs...

Téléguidé

C'était en 1999. Eric avait 16 ans quand il a avalé tous les cachets qu'il a trouvés dans l'armoire à pharmacie familiale. "Je me suis réveillé, et je savais que le jour était venu. Je pourrais pas expliquer pourquoi. En me couchant, la veille, j'avais rien prémédité. Ce matin-là, j'ai attendu dans ma chambre que mes parents partent au boulot. Ils ne pouvaient se douter de rien, je n'avais cours qu'à partir de 9 heures"

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