par Sonia Delesalle-Stolper publié le 27 septembre 2022
Hongrie
Depuis douze ans au pouvoir, Viktor Orbán défait méticuleusement l’Etat de droit, grâce à la confortable majorité des deux tiers au Parlement dont dispose son parti ultranationaliste du Fidesz et à l’instauration d’un régime d’exception qui lui permet de gouverner par décrets. Les rouages de la démocratie – fonctionnement constitutionnel, système électoral, indépendance de la justice, conflits d’intérêts, pluralisme des médias – sont attaqués. Tout comme une multitude de libertés (d’expression, académique, religieuse, d’association) et de droits (des personnes LGBT +, des minorités, des migrants, demandeurs d’asile et réfugiés). Pour la première fois, la Commission européenne a réagi de manière fermeen demandant le 18 septembre la suspension du versement de 7,5 milliards d’euros – une partie des fonds communautaires dont bénéficie la Hongrie – en raison de la corruption endémique qui sévit dans ce pays. Trois jours plus tôt, le gouvernement avait durci sa loi sur l’avortement, intimant désormais à la mère d’écouter le battement de cœur de son fœtus avant une IVG. C’est la première fois que cette loi, votée en 1992 et largement acceptée dans la société hongroise, était modifiée.
Pologne
Depuis 2005, les coalitions menées par le parti ultraconservateur Droit et Justice (PiS), et dirigées par le Premier ministre Mateusz Morawiecki, n’ont cessé de grignoter les principes de l’Etat de droit. Attaques sur les médias étrangers (et notamment américains), contre l’indépendance de la justice et grignotage systématique des droits des minorités sont devenus une constante de ce gouvernement. Depuis octobre 2020 et la décision d’une cour constitutionnelle totalement inféodée au pouvoir (le PiS a choisi 11 des 12 juges qui y siègent), le droit à l’avortement a quasi disparu en Pologne. Seules les interruptions de grossesse en cas de viols ou de mise en danger de la mère sont désormais autorisées, dans certaines circonstances. Les IVG en cas de malformations du fœtus sont interdites et les médecins qui les pratiquent risquent jusqu’à trois ans de prison.
Suède
La coalition de droite et d’extrême droite, à laquelle participe le parti nationaliste et anti-immigration des Démocrates de Suède (SD), héritier d’un groupe néofasciste et dirigé par Jimmie Akesson, victorieuse des élections début septembre, est encore en train de négocier la formation d’un gouvernement. Si les SD ne sont pas certains d’y prendre part, ils influeront sans aucun doute sur les actes législatifs. Leur campagne a tourné essentiellement autour des questions sécuritaires et d’immigration. Dans leur programme, ils promettaient d’adopter la politique migratoire la plus restrictive de l’Union européenne, d’expulser les criminels d’origine étrangère, de limiter le regroupement familial, ou encore de refuser les demandes d’asile à «ceux qui créent les raisons de leur demande d’asile après avoir quitté leur pays d’origine», une disposition qui pourrait notamment viser les personnes LGBT +.
Autriche
Fin 2017, le parti conservateur ÖVP, alors dirigé par Sebastian Kurz, avait formé une coalition gouvernementale avec le parti d’extrême droite FPÖ. Mais l’expérience avait tourné court en mai 2019, après l’«lbizagate», un scandale de corruption impliquant directement le vice-chancelier et patron de l’extrême droite autrichienne Heinz-Christian Strache, contraint alors de démissionner. Des élections anticipées avaient eu lieu en septembre 2019. Le FPÖ n’a depuis plus participé à un gouvernement. Depuis décembre 2021, l’Autriche est gouvernée par une coalition entre les conservateurs ÖVP et les Verts, qui prônent une politique très restrictive en matière d’immigration.
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