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mardi 12 juillet 2022

La population de la Terre va dépasser les 8 milliards d’habitants avant la fin de l’année

Par   Publié le 11 juillet 2022

Selon le nouveau rapport de l’ONU sur la population mondiale, à plus long terme le nombre d’humains devrait cesser de croître, pour se stabiliser autour de 10,4 milliards à la fin du siècle. Le Covid-19 a provoqué une surmortalité de 14,9 millions d’individus en 2020 et en 2021.

À Pékin, le 22 août 2021. La Chine autorise désormais les couples à avoir légalement un troisième enfant, alors qu’elle cherche à repousser une crise démographique qui pourrait menacer ses espoirs de prospérité accrue et d’influence mondiale.

La Terre s’apprête à franchir une étape importante de sa longue existence. D’après les dernières données démographiques de l’Organisation des Nations unies (ONU), publiées lundi 11 juillet, à l’occasion de la Journée mondiale de la population, la planète sera occupée par huit milliards d’humains à compter du 15 novembre. Les humains n’ont jamais été aussi nombreux. C’est un milliard de plus qu’en 2010. Deux milliards de plus qu’en 1998. Et cinq milliards et demi de plus qu’en 1950.

Le peuplement de la Terre continue de croître et il y a seulement « une chance sur deux » que la tendance vienne à s’inverser avant la fin du siècle. En réalité, les démographes de la division de la population, au département des affaires économiques et sociales de l’ONU, considèrent comme « sûre à 95 % » la probabilité que nous soyons entre 8,9 et 12,4 milliards en 2100. Le cap des dix milliards pourrait être atteint dès 2059 pour se stabiliser ensuite, d’après un scénario « moyen », autour de 10,4 milliards d’humains dans les années 2080.

Ainsi, l’atteinte d’un plateau maximal interviendrait plus tôt que prévu. « C’est un élément particulièrement intéressant, car, dans son dernier rapport, publié il y a maintenant trois ans, l’ONU n’envisageait de stabilisation démographique qu’au cours du XXIIe siècle », fait remarquer Gilles Pison, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et conseiller scientifique auprès de l’Institut national d’études démographiques, à Paris. Ce scénario s’explique « principalement » par le fait que chaque femme donne naissance à de moins en moins d’enfants, souligne cet expert : de 2,3 actuellement, le taux de fécondité pourrait tomber à 1,8 en 2100, marquant « la fin du renouvellement des générations ».

Très attendues sur l’estimation des effets démographiques de la pandémie de Covid-19 qui a frappé la planète ces deux dernières années, les Nations unies ont travaillé de concert avec l’Organisation mondiale de la santé pour dresser un nouveau bilan. Alors qu’en novembre 2021 la presse anglo-saxonne avançait le chiffre de 17 millions de décès, les deux institutions internationales estiment aujourd’hui que « la surmortalité associée à la pandémie a atteint 14,9 millions de personnes pour la période comprise entre le 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2021 ». Elles confirment ainsi que la réalité pourrait correspondre à « près de trois fois le nombre de décès officiellement déclarés », ce que bon nombre de scientifiques supputaient depuis environ un an.

Sachant que, d’ordinaire, 60 millions d’humains rendent l’âme chaque année, cela voudrait dire que le Covid-19 a fait bondir la mortalité de plus de 12 % durant deux ans. L’ONU précise que le bilan global des décès est « plus élevé chez les hommes que chez les femmes, chez les personnes âgées que chez les jeunes ».

« Interruption temporaire »

Certains craignaient, au début de la pandémie, que les progrès des dernières décennies en matière de mortalité infantile ne soient en partie effacés. « Les données disponibles indiquent qu’il n’y a pas eu de preuve convaincante » en ce sens, mais la prudence reste de mise. Les effets indirects de la crise sanitaire sur la mortalité infantile pourraient en réalité « mettre du temps à se manifester », à travers l’interruption des programmes de vaccination et de nutrition de routine des enfants, ou l’augmentation de l’insécurité alimentaire et la perte de revenus des ménages.

« La pandémie a été un choc pour tout le monde et sur tous les continents, mais, une fois ce choc passé, elle n’affectera guère les tendances démographiques générales. Elle n’aura aucun effet à long terme sur le nombre d’enfants par femme, les pratiques matrimoniales ou la contraception », relève Thomas Spoorenberg, l’un des rédacteurs du rapport de l’ONU. Momentanément, les contagions au virus SARS-CoV-2 ont donné un coup d’arrêt à la progression de l’espérance de vie à la naissance, en particulier en Asie du Sud, en Amérique latine et dans les Caraïbes. A l’échelle mondiale, elle a même « contribué à une perte de 1,7 année » d’espérance de vie entre 2019 et 2021, la ramenant à 71 ans, avec les précautions méthodologiques qui s’imposent, du fait du manque, parfois, de données précises ayant conduit les démographes de l’ONU à des méthodes innovantes d’extrapolation.

Au passage, la pandémie a élargi le fossé entre les hommes et les femmes, à l’avantage de ces dernières. En 2021, l’espérance de vie des premiers s’est établie à 68,4 ans, celle des secondes à 73,8 ans, soit un écart de 5,4 ans. Deux ans avant, la différence était de 5,2 ans. Cependant, dans les pays où le taux de vaccination est élevé, le choc est déjà amorti puisque la mortalité retrouve dès à présent des valeurs prépandémiques. Dans les autres, il faudra encore « de un à trois ans » pour revenir à la normale.

En Afrique australe, par exemple, le Covid-19 a tout simplement « supprimé les gains d’espérance de vie » péniblement obtenus après les pires années du sida : l’espérance de vie à la naissance y est retombée à 61,8 ans en 2021. A ce stade, l’ONU ne s’aventure pas à établir de lien entre la pandémie et le ralentissement de la croissance démographique mondiale, dans la mesure où celui-ci est observé depuis le milieu des années 1960. Certes, « en 2020, et pour la première fois depuis 1950, le taux de croissance démographique est tombé au-dessous de 1 % par an ». Ce taux devrait « continuer à ralentir au cours des prochaines décennies et jusqu’à la fin de ce siècle ».

Dans les pays à revenu élevé, le Covid-19 a agi « comme une interruption temporaire ». C’est vrai, en particulier, dans les pays riches à faible fécondité. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, les dernières études menées « n’ont guère montré de changement dans le nombre de grossesses et de naissances non désirées », malgré la propagation du coronavirus. Résultat, en Afrique subsaharienne, la population est appelée à pratiquement doubler d’ici à 2050, du fait du maintien du taux de fécondité à près de trois enfants par femme. Cette région du monde devrait contribuer à elle seule à « plus de la moitié de la croissance de la population mondiale » dans les trente prochaines années.

Bouleversement en Asie

D’ici là, et c’est l’un des principaux éléments saillants des nouvelles prévisions, les cartes vont être rebattues dès 2023 sur le podium mondial. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’Inde va devenir le pays le plus peuplé au monde, détrônant une Chine qui « devrait connaître un déclin absolu de sa population dès 2023 ». L’événement va se produire avec quatre ans d’avance sur le calendrier avancé dans la précédente livraison statistique de l’ONU, en raison d’une légère correction à la hausse de la dynamique indienne et d’une révision à la baisse, spectaculaire, des estimations de fécondité en Chine. D’ores et déjà, dans l’empire du Milieu, le nombre d’enfants par femme s’établit à seulement 1,18.

Actuellement, les deux géants asiatiques sont au coude-à-coude, avec chacun 1,4 milliard d’habitants. En 2050, les Indiens seront 1,668 milliard, les Chinois 1,317 milliard. « C’est un séisme qui va marquer le début d’un déclin irréversible. Au milieu du XIXe siècle, un tiers de l’humanité vivait en Chine. En 2100, ce ne sera plus que 10 %, souligne Wang Feng, professeur de sociologie à l’université d’Irvine, en Californie. Les nouvelles prévisions de l’ONU sont davantage en ligne avec celles de la communauté scientifique que les précédentes et l’impact sur les mentalités va être énorme. Non seulement les Chinois vont devoir se faire à l’idée de ne plus être les leaders sur le plan démographique, mais ils vont aussi devoir admettre que le reste du monde voit dorénavant leur pays comme une puissance déclinante. »

Un changement de paradigme. Le croisement des courbes indienne et chinoise va en effet induire un bouleversement dans cette région du globe. Alors qu’elle héberge aujourd’hui près d’un humain sur trois, l’Asie de l’Est et du Sud-Est devrait être supplantée d’ici à une quinzaine d’années par l’ensemble composé de l’Asie centrale et de l’Asie du Sud. C’est le fait de la croissance démographique indienne, mais également de celle observée notamment au Pakistan, pays appelé à passer bientôt devant l’Indonésie et à se rapprocher en nombre d’habitants des Etats-Unis, tout comme en Afrique le Nigeria, pays qui devrait monter sur la troisième marche du podium de la démographie mondiale à la fin du siècle.

Ceci va se produire alors même que le sous-continent indien, pris dans sa totalité, envoie les plus gros contingents de migrants à travers le monde pour trouver du travail. Entre 2010 et 2021, observent les experts de l’ONU, le Pakistan a ainsi vu sa diaspora grossir de 16,5 millions d’individus. Même chose, dans une moindre mesure, au Bangladesh, au Népal et au Sri Lanka. Les autres pays touchés par les plus grands départs, la Syrie, le Venezuela, la Birmanie, l’ont été en raison de l’insécurité et de la guerre.

Autant de femmes que d’hommes en 2050

Autre élément marquant du rapport 2022 de l’ONU, les hommes sont toujours majoritaires (50,3 %) dans le monde. Mais plus pour longtemps, puisque « en 2050, le nombre de femmes devrait être égal à celui des hommes ». Hormis ces deux nouveautés, l’Inde numéro un, les femmes bientôt majoritaires, plusieurs tendances lourdes sont, elles, confirmées. D’abord, si les humains sont de plus en plus nombreux sur Terre, cela masque toujours de grandes disparités entre les pays, souvent en rapport avec leur niveau de développement. D’un côté, la République démocratique du Congo et la Tanzanie « devraient connaître une croissance rapide » de leur population, « entre 2 % et 3 % l’an sur la période 2022-2050 ».

De l’autre, « des pertes de 20 % ou plus devraient avoir lieu en Bulgarie, en Lettonie, en Lituanie, en Serbie et en Ukraine », prédit l’ONU. Au cours des trois prochaines décennies, ce sont une soixantaine de pays ou de régions qui vont voir leur population « diminuer de 1 % ou plus » par an. Les deux tiers de l’humanité vivent dès à présent dans un pays ou une région où la fécondité est inférieure à 2,1 naissances par femme, niveau requis pour que les populations à faible mortalité se stabilisent à long terme. L’Europe et l’Amérique du Nord devraient « atteindre leur pic démographique et commencer à connaître un déclin » à la fin des années 2030, en raison de la persistance de faibles niveaux de fécondité, inférieurs à deux naissances par femme depuis le milieu des années 1970, et en raison, dans certains pays, de taux d’émigration élevés.

En 2020, c’est la Turquie qui a accueilli le plus de réfugiés et de demandeurs d’asile (près de 4 millions), devant la Jordanie, la Palestine et la Colombie. A cet égard, le Covid-19 a considérablement ralenti les déplacements de population, du fait de la fermeture des frontières et de la paralysie des transports internationaux. Il pourrait avoir réduit de moitié le solde migratoire de ces deux dernières années, estime l’ONU.


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