Olivier Bétourné
Du côté du légataire, on évite pudiquement le sujet. Il est vrai que se réclamer du socialisme vous flanque sur le champ un sacré coup de vieux quand les plus jeunes, et c’est bien normal, ont les yeux tournés vers un horizon plus écologique. Place du Colonel Fabien, on est à peine plus disert : on n’a là-bas aucune raison d’assurer l’entretien d’une tradition qui, au fond, n’a jamais été la sienne. La nouvelle gauche ? Elle préfère se dire « radicale » que « socialiste », et il est notable que jamais, au cours de la dernière campagne présidentielle, son tonitruant leader n’a (je ne crois pas me tromper) prononcé le mot.
Il est évident que la « collectivisation des moyens de production » ne fait plus rêver. Qui voudrait renouer le fil d’une histoire justement interrompue par l’effondrement de l’Union soviétique ? L’époque est au clivage entre le peuple et les élites. D’un côté les petits (ceux qui n’ont rien ou si peu), de l’autre les gros (les cumulards du savoir et du capital économique).
Les nouveaux partis populistes prospèrent sur cette dichotomie-là, qui, bien sûr, n’est pas dénué de fondement sociologique : qui nierait, par exemple, que « métropoles » et « territoires » relèvent de deux logiques contradictoires ? D’un côté l’intégration aux flux dominants du monde globalisé, de l’autre la marginalisation progressive sous l’effet de la désindustrialisation et du retrait de l’Etat. D’un côté la permanence des services publics, de l’autre la fermeture des maternités et des lignes ferroviaires. D’un côté l’illusion entretenue d’une vie meilleure pour ses enfants, de l’autre la certitude qu’ils vivront plus mal que soi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire