La Grande Table idées
Épisode du lundi 16 mai 2022 par Olivia Gesbert
C'est avec Antoine Compagnon de l'Académie française, professeur émérite au Collège de France, que nous nous penchons sur l'amour-jalousie comme matrice de la pensée et de l'imaginaire proustien.
Antoine Compagnon (Professeur au Collège de France depuis 2006, titulaire de la chaire de Littérature française moderne et contemporaine).
Si la jalousie est un sentiment universellement partagé, c'est le fil directeur de toute l'œuvre de Proust, qui en fait un sentiment total et originel : n'épargnant aucune relation amoureuse dans la Recherche, elle est même originellement ancrée par la frustration du Narrateur de ne pouvoir recevoir le baiser de sa mère avant de s'endormir. Si l'amour est le mot le plus utilisé dans la Recherche, la jalousie, son ombre, n'en n'est pas moins présente. "Dans l’amour proustien, la jalousie est structurelle. Il n’y a pas d’amour sans jalousie, sans cette manie, sans cette obsession de posséder l’autre entièrement et exclusivement. […] Il n’y a pas non plus d’amour heureux. Par exemple, avec Albertine, l’alternative, c’est celle de l’ennui et de la souffrance" explique Antoine Compagnon. "Dans cet amour-là, il y a un côté sadique, et un côté masochiste", ajoute-t-il.
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