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samedi 8 janvier 2022

Au Royaume-Uni, le baby-boom des maisons de naissance

par Marie Boëda, intérim à Londres  publié le 4 janvier 2022 

Outre-Manche, deux tiers des femmes auraient mis au monde leur enfant dans une structure de ce type. Une tendance qui présente un double intérêt : libérer des places dans les hôpitaux et répondre à une demande croissante d’accoucher de manière plus «naturelle».

«Une très bonne expérience.» C’est ce qu’a vécu Coralie lorsqu’elle a accouché, à 38 ans, de son deuxième enfant dans une maison de naissance dans l’ouest de Londres. «L’accompagnement des sages-femmes était super. D’abord une, puis deux quand le travail devient plus intense. Elles ne m’ont pas quittée», explique la Française. A son arrivée, elle s’installe dans une grande chambre, «avec salle de bain attenante et une baignoire pour diminuer les contractions. Sur le lit, plein de coussins qui m’ont permis de trouver la bonne position, on a plus de contrôle. On m’a proposé plein d’alternatives. La différence avec la France, c’est qu’on laisse la mère choisir». Le but, aider une femme à accoucher avec des méthodes douces.

«Redonner le pouvoir aux femmes»

Coralie n’était pas spécialement convaincue au départ. Elle a eu son premier enfant en France et a reçu une péridurale. «Je ne savais pas si je pouvais accoucher sans, mais j’étais rassurée car la maison de naissance était dans l’hôpital, je pouvais être transférée facilement.»Les birth centres sont situés dans un établissement hospitalier ou à proximité. Pour atténuer la douleur pendant le travail«j’ai inhalé un gaz qui aide beaucoup, mais les contractions restent plus douloureuses qu’avec la péridurale», raconte Coralie. Ces centres étant gérés par des sages-femmes, il n’y a pas d’intervention chirurgicale possible. Si nécessaire, la patiente peut être transportée rapidement à l’hôpital.

Coralie retient un point négatif : «Peu d’explications sur les soins à apporter au bébé, peu d’encadrement et une sortie très rapide. J’ai accouché à midi et suis sortie le lendemain à 9 heures.» «C’est l’une des rares critiques qui remonte», reconnaît Pauline Fetu, sage-femme libérale à Londres. Pour autant, ces centres dédiés aux futures mères restent une méthode intéressante, selon elle : «On a redonné le pouvoir aux femmes. Si elles décident de ne pas médicaliser l’accouchement, elles peuvent choisir cette option en toute sécurité. Les sages-femmes se forment aux méthodes naturelles, comme dans les pays nordiques. On fait un bilan de santé, c’est systématique ici. On sait tout de suite si vous êtes à risque ou pas. Si tout va bien, on ne vous oriente pas vers un médecin mais vers une sage-femme.»

«Ça en vaut la peine»

«Vous pouvez accoucher dans l’eau, avec de la musique, un éclairage faible, des ballons de naissance et des tapis de sol, détaille Sarah Redshaw, rédactrice en chef de BabyCenter, l’un des premiers sites web sur la grossesse au Royaume-Uni. Ça en vaut la peine. Mais c’est avant tout le choix de la femme. Vous pouvez travailler et accoucher dans un environnement plus détendu que dans un environnement clinique.» Un concept de plus en plus à la mode depuis une dizaine d’années. Mais seulement si la femme enceinte n’a aucun problème de santé et que la grossesse se déroule normalement, prévient Sarah Redshaw. Ce service, dépendant du système de santé publique (National Health Service, NHS), est gratuit. La méthode est particulièrement conseillée aux femmes de moins de 35 ans, qui n’ont pas de problème de diabète, obésité ou hypertension, et ayant déjà accouché une fois. Le risque d’être transféré à l’hôpital s’élève à 40 % pour un premier enfant, il tombe à 10 % si c’est le deuxième ou plus.

D’après une étude du NHS, en 2019, sur 17 000 femmes interrogées, 63 % ont accouché dans ces établissements. Une tendance qui présente un double intérêt : libérer des places dans l’hôpital public, mais aussi répondre à une demande croissante d’accoucher de manière plus «naturelle». En Angleterre, il existe 168 maisons de naissance. En 2014, le National Institute for Health and Care Excellence, l’équivalent de la Haute Autorité de santé en France, préconise les maisons de naissance si aucune intervention médicale n’est planifiée. «Il y a probablement une politique économique derrière tout ça, mais pas uniquement. Certaines femmes ne veulent plus être systématiquement médicalisées», maintient Pauline Fetu.


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