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Photo Kenzo TRIBOUILLARD. AFP
Depuis le 1er janvier, les personnes handicapées avec un taux d’incapacité de plus de 80% verront leurs droits rallongés et la disparition des contrôles médicaux.
Des nouvelles mesures pour «changer le quotidien» des personnes handicapées. C’est ce qu’avait annoncé Edouard Philippe au mois d’octobre lors de la deuxième réunion du comité interministériel du handicap, dévoilant ainsi son programme en dix points. Depuis le 1er janvier, les personnes handicapées avec un taux d’incapacité d’au moins 80% voient leur allocation renouvelée à vie. Cette mesure concerne près de 800 000 personnes handicapées sur un total de 1,3 million de titulaires de l’Allocation aux adultes handicapés (AAH). Auparavant, tout demandeur devait se plier tous les deux ou trois ans à une série d’examens médicaux afin de prouver sa situation et ainsi renouveler son statut. Le gouvernement a toutefois décidé de supprimer le complément de ressources pour les nouveaux allocataires.
Jean-Louis Garcia, président de l’Apajh, la fédération des Association pour adultes et jeunes handicapés, salue la simplification de l’accès à l’allocation: «Il est important qu’on arrête de persécuter des gens dont le handicap n’évoluera pas favorablement, explique-t-il. Tous les deux ou trois ans on demandait à des personnes de prouver qu’il leur manquait bien deux jambes ou qu’ils étaient toujours aveugles. C’est la fin d’une souffrance permanente.»
Nouveau montant de l’allocation: 860 euros par mois
Versée sous condition, l’AAH, qui prend la forme d’un revenu minimum pour les personnes sans travail ou d’un complément de ressources, est destinée aux personnes handicapées de plus de 20 ans. Elle est attribuée à toute personne ayant un taux d’incapacité minimum de 50%. En novembre 2018, son montant a été augmenté de 40 euros, s’élevant ainsi à 860 euros par mois. Le gouvernement a annoncé qu’elle s’élèverait à 900 euros l’année prochaine. Les allocataires sont toujours plus nombreux: entre 1990 et 2017, leur nombre a donc doublé, à 1,3 million de bénéficiaires.
«Jamais un gouvernement n’en a fait autant pour les personnes handicapées», tweetait il y a peu Sophie Cluzel, la secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre en charge des personnes handicapées. Pour le président de l’Apajh, cette mesure est à mettre dans un environnement plus large: «Il reste encore beaucoup de chantiers et nous n’avons pas la conviction que ce gouvernement s’en empare de manière déterminée», atteste-t-il.
20% seulement des logements neufs doivent être accessibles aux handicapés
Malgré cette simplification d’accès et la hausse du montant de l’allocation, l’année 2018 a été marquée par le tollé suscité par le vote de la loi Elan à l’automne. Le texte final a en effet abaissé de 100% à 20% la part des logements devant être entièrement accessibles aux personnes en fauteuil roulant dans les immeubles neufs. «L’ambition a été divisée par cinq, regrette Jean-Louis Garcia. Ces nouvelles mesures font partie d’un environnement globalement peu satisfaisant.» A l’image des pouvoirs publics, qui continuent à prendre en compte les revenus du conjoint dans le calcul de l’AAH. Aujourd’hui, si le partenaire gagne moins de 1 137 euros net par mois, le demandeur en situation de handicap recevra l’Allocation aux adultes handicapés à taux plein. Au-delà de ce montant, l’aide financière diminue progressivement.
Le 24 octobre, la proposition de supprimer cette méthode de calcul, portée par la sénatrice communiste du Val-de-Marne Laurence Cohen, avait été rejetée par le Sénat. «On continue de rendre toujours plus dépendant l’homme ou la femme vivant en couple, alors que le conjoint joue pourtant un rôle d’accompagnement, d’éducation et de soin à domicile au quotidien», déplore le président de l’Apajh.
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