Réchauffement climatique, déclin de la biodiversité, catastrophes naturelles… L’état de la Planète s’est dégradé en 2018. On a tout de même trouvé quelques raisons d’espérer.
Par Augustine Peny Publié le 29 décembre 2018
- Quelques espèces animales en voie de récupération
Certaines espèces disparaissent, mais d’autres sont sur le point d’être sauvées. Ceci grâce à de nombreux programmes de réintroduction et de lutte contre le braconnage. C’est le cas du gorille des montagnes et du rorqual, selon une étudede l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) publiée le 14 novembre. Celle-ci indique que ces deux espèces autrefois en grave danger sont désormais en voie de récupération.
Après la mise à jour par l’UICN de sa liste rouge des espèces menacées, le rorqual, second plus gros animal marin après la baleine bleue, est passé de la catégorie « en danger » à « vulnérable », sa population ayant atteint cette année plus de 100 000 individus. Le gorille des montagnes se porte également un peu mieux. Il a basculé de la catégorie « en danger critique » à « en danger » : en dix ans, la population des gorilles de montagne est passée de 680 à 1 000 individus, selon l’UICN.
D’autres espèces menacées ont vu leur effectif augmenter au cours de l’année 2018 comme les dauphins du Mékong, selon WWF. L’ONG a également publié en juin un recensement du jaguar au Mexique, dont la population a augmenté de 20 % en huit ans. En France, le gypaète barbu, plus grand vautour des Alpes et un des plus menacés, est de retour après un programme européen de réintroduction démarré en 2012.
- Des efforts pour les zones protégées fragiles
Certaines zones de la planète, très fragiles, constituent de véritables sanctuaires de biodiversité et des États prennent des engagements pour les conserver. C’est le cas de la Grande barrière de corail, pour laquelle l’Australie va investir 312 millions d’euros pour sa protection.
En Nouvelle-Calédonie, le gouvernement accroît quant à lui la protection de ses eaux territoriales. Fin octobre 2018, le pays a ainsi annoncé qu’une aire marine d’une superficie comprise entre 200 000 et 400 000 km² serait protégée d’ici 2019. Au Brésil, l’agence environnementale du pays a rejeté le 7 décembre la demande de Total de forer au large de l’embouchure de l’Amazone.
De nouveaux espaces protégés devraient être prochainement créés, comme en Russie où le gouvernement a annoncé au printemps 2018 la création de la plus grande réserve terrestre et marine du pays (6 millions d’hectares) à Sakha, dans le nord-est de la Sibérie.
L’UICN a élargi sa liste des « aires les mieux protégées du monde » à quinze zones supplémentaires, lors de la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité qui a eu lieu en novembre en Égypte. La France est actuellement le pays accueillant le plus de sites sur la liste verte de l’organisme.
- Une augmentation de la part des renouvelables
Cette année, la part des énergies renouvelables dans la production d’énergie a progressé significativement. Au Royaume-Uni, en cinq ans, la capacité de production électrique liée au renouvelable a triplé. Les énergies fossiles ont désormais une capacité de production inférieure au renouvelable dans le pays.
Le Portugal est également devenu un des champions des énergies renouvelables en Europe. En mars, sa production d’électricité verte a même dépassé la consommation nationale, le surplus étant exporté vers l’Espagne.
En France, la production d’électricité renouvelable a progressé de 6,6 % en 2018 par rapport à 2017.
Hors d’Europe, des pays comme le Kenya vont aussi dans ce sens. Depuis 2010, le pays développe fortement la géothermie. Le site géothermique d’Olkaria, a ainsi fourni la moitié de l’énergie consommée au Kenya en 2018. Près de 85 % de l’électricité du pays provient des énergies renouvelables.
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Plus largement, dans le bilan annuel du Global Carbon Project (GCP) publié le 5 décembre, les scientifiques expliquaient qu’aujourd’hui plus de la moitié des nouvelles installations de productions d’électricité mises en service dans le monde sont des parcs éoliens ou solaires.
- « Mode d’emploi » de l’accord de Paris et réglementation européenne
Les négociations pour le climat ont été difficiles, comme l’ont illustré les débats de la 24e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP24), en décembre en Pologne, mais elles ont tout de même permis d’adopter les règles d’application (le rulebook selon le vocable onusien) indispensables à la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat.
D’autres décisions politiques importantes ont été prises au cours des douze derniers mois, notamment la guerre au plastique à usage unique déclarée par l’Union Européenne. Le Parlement de Strasbourg et la présidence du Conseil européen ont conclu, mercredi 19 décembre, un accord provisoire inédit pour lutter contre la pollution environnementale liée aux plastiques. Les produits à usage unique tels que pailles, assiettes, cotons-tiges, etc.. seront bannis de l’Union européenne d’ici 2021, ainsi que l’objectif de contraindre les entreprises à recycler davantage.
C’est également au printemps 2018 que l’Europe a interdit trois types de néonicotinoïdes, ces insecticides nocifs pour les abeilles.
Toujours au niveau européen, après d’intenses négociations, le Parlement et le Conseil européens se sont finalement accordés en décembre sur un objectif de réduction des émissions de CO2 de 37,5 % pour les voitures neuves d’ici à 2030.
- Les avancées de la justice climatique
La « justice climatique » fait aussi son chemin. En Colombie, en avril dernier, la plus haute cour de justice du pays a reconnu la forêt amazonienne comme sujet de droit, à savoir une « entité possédant des droits », obligeant le gouvernement à la protéger.
Au Pays-Bas, la cour d’appel de La Haye a confirmé un jugement rendu en première instance en 2015, ordonnant au gouvernement de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il est désormais dans l’obligation légale de prendre des mesures pour protéger ses citoyens contre les conséquences du changement climatique. L’ONG de défense de l’environnement Urgenda était à l’origine de cette action en justice.
En France le lancement par quatre ONG d’une action en justice contre l’Etat pour « inaction climatique » et surtout le succès fulgurant de la pétition en ligne associée, l’Affaire du siècle, qui a recueilli plus d’un 1,9 million de signatures, est inédit.
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