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mardi 13 novembre 2018

Réseaux sociaux et psychose, plutôt un mauvais profil

Publié le 07/11/2018





À l’instar de la fameuse langue d’Esope, capable du meilleur comme du pire[1], les médias sociaux (Twitter, Facebook, Instagram...) ont des effets ambigus sur leurs utilisateurs, bénéfiques ou au contraire préjudiciables, en fonction du contexte biographique, de la vulnérabilité psychologique, de l’environnement, etc. En particulier, rappellent des chercheurs britanniques, on ignore l’impact réel des réseaux sociaux sur les sujets souffrant de troubles psychotiques.

Pour le préciser, les auteurs ont recueilli auprès de 44 participants « avec ou sans psychose » des évaluations sur leur utilisation des médias sociaux, la perception de leur place dans la société, leur humeur, leur estime de soi, et un éventuel trait de personnalité paranoïaque. On constate une association entre l’usage des médias sociaux et « une humeur médiocre » (low mood), mais pas avec l’estime de soi ni avec la paranoïa. La fréquentation des médias sociaux ne diffère pas sensiblement entre les participants avec ou sans psychose, mais leur fréquence d’utilisation s’avère toutefois « plus faible chez les sujets psychotiques. » Certaines nuances se dégagent aussi : en particulier, le fait d’évoquer ses activités quotidiennes sur les médias sociaux est associé à une «amélioration des affects positifs et de l’estime de soi, tandis que l’intérêt pour les fils d’actualités de ces sites est associé à « des réductions significatives des affects négatifs et des traits paranoïaques. »

Si la « consommation » de contenus sur les médias sociaux est associée ainsi à une réduction ultérieure des affects négatifs, la tendance à s’exprimer sur ses sentiments est associée, inversement, à une « réduction subséquente de l’humeur et de l’estime de soi et à une augmentation des traits paranoïaques. » On observe aussi une association positive entre l’intérêt pour les profils d’individus non considérés comme des amis au sens des réseaux sociaux (en commentant leurs messages ou leurs photographies) et une augmentation des traits paranoïaques. Bien que le faible effectif de la population concernée empêche de généraliser la portée de l’étude, et que la fiabilité de certaines informations soit peut-être incertaine (autodéclarations des participants), les auteurs estiment que ces résultats suggèrent « l’impact potentiellement préjudiciable (potential detrimental impact) des médias sociaux pour les personnes avec ou sans psychose. »

Une conclusion sans doute bien sévère, au vu du faible effectif et des autres limitations de cette étude...


Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Berry N et coll.: Social media and its relationship with mood, self-esteem and paranoia in psychosis. Acta Psychiatr Scand., 2018: 138: 558–570.

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