Danielle Mérian, présidente de SOS-Africaines en danger, soutenue par l’acteur Omar Sy, explique dans une tribune au « Monde » la campagne de prévention et de sensibilisation contre l’excision qu’elle entend mener en Afrique francophone.
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Tribune La Journée internationale de la fille, le 11 octobre, sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU), a mis en lumière trois droits fondamentaux que les filles réclament ardemment : ne pas être mutilées, aller à l’école et ne pas être mariées de force. Le sort des filles est tragique.
Sont bafoués de multiples droits : le droit de naître (200 millions n’ont pas vu le jour parce que filles) ; le droit d’être déclarée à l’état civil et donc pouvoir être une citoyenne ; le droit de poursuivre ses études (132 millions de jeunes filles dans le monde sont déscolarisées) ; le droit de ne pas être victimes d’incestes ou de viols ; le droit de ne pas être mutilée (200 millions dans le monde sont excisées).
L’excision est très mal connue en France, malgré un travail de sensibilisation. En 2013 est née d’un groupe de parole dans un centre de soins aux torturés – Parcours d’exil à Paris (lien par PDF) – une association, SOS-Africaines en danger (lien par PDF) qui rassemble des jeunes femmes réfugiées d’Afrique de l’Ouest, toutes excisées et mariées de force enfants à de vieux polygames auxquels elles ont été données par leurs pères.
Les fillettes africaines en danger
Les Africaines en danger, ce sont leurs fillettes, laissées au village, et qu’elles n’ont pu emmener dans leur fuite, quand elles ont réussi à échapper à leur esclavage sexuel, violées à répétition par leurs vieux maris ; et à leur esclavage économique comme dernière épouse devant servir tout le monde.
C’est dire que pour elles l’école a pris fin avec le mariage. Ces réfugiées, qui ont trouvé la liberté en France, veulent y amener leurs enfants afin d’éviter l’excision de leurs filles, et en Afrique pousser à l’abandon de ce crime. Pour ce faire, en 2017, SOS-Africaines en danger a lancé une campagne sur cinq ans dans les dix pays francophones dont elles sont originaires, menée avec dix bus scolaires américains transformés moitié en dispensaires, moitié en cybercentres.
Un cybercentre connecté sur dix pays
Ces bus ont l’avantage d’être des camions hauts sur pattes qui pourront rouler jusqu’au fond des villages même sans routes et qui ne craindront ni la chaleur, ni la poussière, ni les réparations difficiles. Le dispensaire permettra aux médecins locaux de soigner les mamans et les fillettes et de leur apprendre pourquoi l’excision est la cause de tous leurs maux physiques : des relations sexuelles douloureuses, la difficulté à uriner, des règles atrocement douloureuses… voire provoque des morts en couches, quand elles ne meurent pas d’hémorragie le jour de l’excision au couteau dans la brousse.
Connecté par satellite, le cybercentre permettra d’échanger dans les dix pays toutes les vidéos réalisées partout, comme au Sénégal, le pays pilote, les vidéos faites avec l’association des anciennes exciseuses qui expliquent chacune pourquoi elles ont cessé de mutiler. Le premier droit d’une fille qui vient au monde, c’est bien de ne pas être mutilée.
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