En 1936, le Festival de Cannes, avec ses rituels consacrés (montée des marches, attribution de la Palme d’Or...), n’existait pas encore, mais déjà, la célèbre revue médicale The Lancet remarquait : « Avec le cinéma parlant, la psychiatrie possède non seulement un moyen de distraire le sujet affecté par un trouble mental, mais aussi d’éduquer un public peu averti » (sur les troubles psychiatriques).
Réalisée en collaboration par des chercheurs de Norvège et du Royaume-Uni, une étude confronte la présentation des troubles du spectre autistique (TSA) sur les écrans (films de cinéma comme Molly[1] ou séries télévisées comme The Big Bang Theory[2]) aux critères « officiels » présents dans le DSM-5. Il existe en effet un « débat intense » sur le caractère approprié ou erroné des portraits de personnes avec autisme montrés sur le grand ou le petit écran. Cette question est d’autant plus importante que « les mass-médias sont considérés comme la principale source d’information du grand public sur les troubles psychiatriques. »
Vingt-deux films et 4 séries
Corrélat mécanique de la fonction documentaire ou « éducative » du cinéma et de la télévision (auxquels s’ajoutent désormais les pages d’Internet), une représentation inexacte ou a fortiori tendancieuse des maladies mentales dans ces médias contribue ainsi à confirmer les stéréotypes à leur sujet et à augmenter la stigmatisation des patients.
Les auteurs ont retenu pour leur étude 26 œuvres (22 films de cinéma et 4 séries télévisées) en s’efforçant de diversifier leur origine géographique pour ne pas se limiter à une vision hollywoodienne et inclure aussi « des films réalisés en dehors des États-Unis» (qui représentent toutefois la moitié des productions évoquées). Cet échantillon de films ou de séries à « connotation autistique » couvre ainsi 11 pays sur 4 continents (Asie, Australie, Europe et Amérique du Nord). Globalement, estiment les auteurs, ces représentations des TSA à l’écran « collent bien » aux critères canoniques du DSM-5. Toutefois, un film quelconque, même excellent comme Rain Man[3], ne saurait « renfermer à lui seul toute la richesse et la variété » de l’expérience humaine contenue dans les TSA.
Dr Alain Cohen
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