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lundi 2 avril 2018

Mieux vaut être riche pour être en bonne santé

27/03/2018


Le vieillissement de la population est un phénomène planétaire. Dans ce contexte, les stratégies mondiales de santé ont établi comme priorité un vieillissement « en bonne santé » et donc une meilleure prévention et un meilleur contrôle des maladies non transmissibles. La consommation d’alcool et de tabac, la sédentarité, l’hypertension artérielle, l’excès de consommation de sel, le diabète et l’obésité constituent les cibles essentielles de ces stratégies. Certains travaux récents ont aussi suggéré que l’amélioration de la santé des personnes âgées nécessitait que, parallèlement aux actions sur les facteurs de risque, soit menée aussi une lutte contre les mauvaises conditions socio-économiques. Pour évaluer le lien entre le statut socio-économique et la forme physique, une équipe internationale a eu l’idée de le confronter avec celui qui est établi entre les facteurs de risque de pathologiques chroniques non transmissibles et la forme physique, chez des patients à différents âges. Au total 37 études de cohortes ont été retenues, incluant près de 110 mille personnes de toutes les régions du monde, âgées de 45 à 90 ans. La forme physique était évaluée par la vitesse de marche, indice validé de la capacité fonctionnelle. 

Plus d’années de vie « en bonne forme » perdues du fait de conditions socio économiques difficiles qu’à cause du tabac, de l’alcool ou de l’HTA

Les données confirment que des circonstances socio-économiques difficiles et l’exposition aux facteurs de risque des principales maladies non transmissibles, sont significativement associées à la perte des capacités physiques. Un homme de 60 ans en situation socio-économique défavorable a la même vitesse de marche qu’un homme de 66,6 ans de statut élevé, soit 6,6 ans de vie en bonne forme perdues. Pour les femmes, le chiffre est de 4,6 ans. Ceci est comparable à ce qui est retrouvé pour l’obésité, le diabète et la sédentarité (5-7 ans de vie en bonne santé perdues) mais largement supérieur au nombre d’années de vie en bonne santé perdues à cause du tabagisme, de l’hypertension et de la consommation d’alcool (entre 1 et 3 ans). 

En analyse limitée aux pays à hauts revenus, le nombre d’années perdues en bonne capacité physique à l’âge de 60 ans, pour les personnes dans des conditions socio-économiques défavorables, est de 8 pour les hommes et 5,4 pour les femmes, plus élevé aux États-Unis qu’en Europe. Pour les pays à faibles revenus, il s’établit à 2,6 ans pour les hommes et 2,7 pour les femmes. Les capacités physiques se dégradent régulièrement entre 60 et 85 ans, comme un facteur de risque défavorable. 

Les auteurs précisent que le nombre d’années perdues en bonne forme physique excède le nombre d’années de vie perdues, suggérant que se concentrer exclusivement sur la morbidité et la mortalité peut conduire à une sous-estimation des bénéfices potentiels qui seraient obtenus en s’attaquant conjointement à tous les facteurs de risque identifiés, y compris les conditions socio-économiques. 

Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCES
Stringhini S et coll. : Socioeconomicstatus, non-communicable disease risk factors, and walking speed in older adults: multi-cohort population based study. BMJ 2018;360:k1046.doi.org/10.1136/bmj.k1046

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