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Les plaques amyloïdes sont considérées comme des lésions de maladie d’Alzheimer. Pourtant leur seule présence ne prédit pas forcément l’évolution vers une symptomatologie de type démence, du moins à moyen terme, comme en témoigne l’étude INSIGHT-preAD qui suggère l’existence de mécanismes de compensation.
Ce travail piloté par le Pr Bruno Dubois (directeur du centre des maladies cognitives et comportementales de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP) s’appuie sur le suivi longitudinal d’une cohorte de 318 patients âgés de plus de 70 ans, ayant une plainte de mémoire subjective mais des performances cognitives et mnésiques normales.
À leur inclusion, ces participants ont accepté que l’on détermine la présence ou non de lésions de maladie d’Alzheimer (lésions amyloïdes) dans leur cerveau grâce à un examen d’imagerie. 28 % d’entre eux étaient porteurs de lésions mais aucune différence n’était observée entre les sujets amyloïdes positifs et amyloïdes négatifs dans les tests cognitifs (mémoire, langage, orientation), fonctionnels et comportementaux. Les deux groupes étaient également similaires tant dans l’intensité de leur plainte mnésique, qu’au regard de leurs examens en neuro-imagerie structurelle (IRM) ou métaboliques (PET-FDG).
Après 30 mois de suivi, les auteurs ne retrouvent aucune différence entre les groupes pour l’ensemble des marqueurs (comportementaux, cognitifs, fonctionnels) étudiés ainsi qu’en neuro-imagerie. En revanche, l’électroencéphalogramme montrait chez les patients amyloïdes positifs une modification de l’activité électrique des régions antérieures de leur cerveau, notamment frontales, pour un maintien de leurs performances intellectuelles et mnésiques.
À ce stade, seuls quatre sujets avaient progressé vers la maladie d’Alzheimer. À leur entrée dans l’étude, ces patients présentaient des facteurs prédictifs, comme un âge plus avancé, une concentration de lésions amyloïdes plus élevée et un volume hippocampique diminué.
Pas de lien entre l'évolution de la démence et celle des plaques
Ces résultats, publiés dans le Lancet neurology, montrent que « la présence de lésions amyloïdes cérébrales ne s’accompagne pas de modifications cognitives, morphologiques, métaboliques ou fonctionnelles chez les patients porteurs de ces lésions. Ils suggèrent l’existence de mécanismes de compensation confortés par les modifications électroencéphalographiques observées ».
Alors que les médicaments actuellement en développement dans le traitement de la maladie d’Alzheimer montrent une efficacité significative sur les lésions cérébrales des patients, sans toutefois réduire de manière conjointe les symptômes, ces résultats interrogent aussi sur la corrélation entre plaques amyloïdes et démence clinique.
Reste que pour le moment, « l'amylose cérébrale est le facteur de risque connu le plus fort de maladie d'Alzheimer » tempèrent Giovanni B Frisoni et Frank Jessen dans un commentaire publié en parallèle de l’étude. Selon une commission du Lancet qui a examiné les facteurs de risque potentiellement modifiables de la démence tels que le manque d'éducation, l'hypertension, l'obésité, la perte auditive, le tabagisme, la dépression, l'inactivité physique, le faible contact social et le diabète, « ces facteurs augmentent le risque de 40-90 %, contre 600 % pour la β-amylose cérébrale en fin de vie ».
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