Une étude confirme les effets bénéfiques des restrictions caloriques sur la longévité.
Au-delà de l’effet qu’elle a sur le poids, la restriction de l’apport calorique quotidien dans notre alimentation aurait des vertus sur les phénomènes liés au vieillissement et probablement sur les maladies neurodégénératives qui lui sont associées. Déjà démontrée par différentes études sur des modèles animaux et quelques-unes sur des humains, elle trouve un appui notable dans une étude américaine réalisée sur un effectif réduit (53 personnes) et publiée jeudi 22 mars dans la revue Cell Metabolism.
Depuis les travaux pionniers de Sydney Brenner (Prix Nobel de médecine 2002) sur le ver Cænorhabditis elegans jusqu’aux travaux sur d’autres modèles (levure, drosophile, primate non humain), les preuves se sont accumulées pour étayer la notion que la restriction calorique ralentirait le vieillissement et accroîtrait la longévité. Un constat qui fait prospérer toutes sortes de propositions commerciales ou de théories comme celle du jeûne régulier, sans qu’elles soient scientifiquement fondées.
Deux théories expliqueraient les liens entre régime et vieillissement : celle du rate of living (« rythme de vie ») et celle du stress oxydatif. Dans la première, qui a fait l’objet de beaucoup de critiques depuis qu’elle a été avancée en 1926, « la longévité des mammifères est inversement liée à leur rythme de métabolisme par unité de masse tissulaire », résument, dans l’article de Cell Metabolism,Leanne Redman (Pennington Biomedical Research Center, Baton Rouge, Louisiane) et ses collègues. Plus l’organisme métabolise rapidement l’oxygène, en consommant des calories, moins il vit longtemps. Dans les années 1950, la théorie du stress oxydatif s’est fait jour : le métabolisme de l’oxygène produit des radicaux libres – les « espèces réactives de l’oxygène » – qui endommagent l’ADN, les lipides et les protéines, accélérant ainsi le vieillissement.
Perte de poids de 9 kg
Dans le cadre d’études de long terme, lancées sur ces sujets dans les années 2000, Leanne Redman et ses collègues ont étudié un groupe d’adultes non obèses et en bonne santé afin de « tester l’hypothèse que la dépense énergétique et ses médiateurs hormonaux seraient réduits avec une restriction calorique pendant deux ans ». Cinquante-trois sujets des deux sexes, âgés de 20 à 50 ans (âge moyen de 40 ans) ont été répartis de manière aléatoire entre un groupe de 34 sujets soumis à une restriction calorique dans leur apport alimentaire et 19 autres qui s’alimentaient à leur guise.
Au bout de deux ans, la restriction calorique a été d’environ 15 % dans le premier groupe avec une perte de poids de près de 9 kg, tandis que les sujets du second gagnaient en moyenne 1,8 kg. Surtout, dans le premier groupe avec restriction calorique, la dépense énergétique mesurée était inférieure de 80 à 120 kcal/jour à ce qui était attendu compte tenu de la perte de poids. Cela « indique une adaptation métabolique durable sur deux ans. A cela s’ajoutaient une réduction de l’activité hormonale de l’axe thyroïdien et une baisse des radicaux libres », concluent les auteurs. Des résultats qui leur font dire qu’ils « apportent une nouvelle preuve d’un ralentissement métabolique persistant accompagné d’un stress oxydatif réduit, ce qui va dans le sens des théories du rythme de vie et des dégâts oxydatifs sur le vieillissement des mammifères ».
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