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vendredi 30 mars 2018

Préservation de la fertilité, soutien psy, et droit à l'oubli : les pistes de l'Académie de médecine pour l'après-cancer

Coline Garré
| 29.03.2018


C'est la première fois que l'Académie de médecine se penche sur le sujet. Après de nombreuses auditions en 2016 et 2017, la commission de cancérologie alerte dans un rapport rendu public ce 28 mars sur la nécessité de mieux prendre en charge l'après-cancer, dans ses dimensions sociétales, familiales et sexuelles et professionnelles. L'Académie définit l'« après-cancer » comme « la période hors les murs où les traitements aigus sont terminés et où la surveillance commence ».
 En 2022, 18 millions de Français auront eu un cancer dans les 15 années précédentes (contre 3 millions en 2008) ; les taux de survie nette à 5 ans progressent (en 15 ans, de 72 à 94 % pour la prostate, de 80 à 87 % pour le sein, de 54 à 63 % pour le colorectum, et de 13 à 17 % pour le poumon). 
Une préservation de la fertilité défaillante
L'Académie recommande une proposition de la préservation de la fertilité adaptée au type de cancer, à l'âge et aux risques d'infertilité liés aux traitements. En outre, les résultats en termes de grossesses, des méthodes de préservation des gamètes et surtout de la pulpe testiculaire et du tissu ovarien prélevé avant la puberté, doivent être évalués (les grossesses après cancer sont renseignées, mais pas reliées aux techniques utilisées).
La préservation de la fertilité, qui concerne 55 000 patients par an, n'a pas été proposée chez 68 % des patients ; elle a été réalisée seulement chez 16 % des hommes et 2 % des femmes, rappelle l'Académie, citant les chiffres de l'enquête VICAN II (2014). Elle déplore l'insuffisance de la sensibilisation et de la formation des professionnels de santé, le manque d'information des patients, et un maillage territorial hétérogène des ressources.
Par ailleurs, « la sexualité après cancer est perturbée mais il n'existe pas de données épidémiologiques précises », a déploré l'Académie. « La prise en charge des troubles de la sexualité est recommandée, mais il n'existe pas de prise en charge véritablement organisée ». L'étude de l'INCa en 2014 avait montré que 48 % des hommes et 53 % des femmes avaient fait état d'une détérioration « forte ou modérée » de leur santé sexuelle après un cancer.
Une évaluation psychologique en amont 
L'Académie préconise une évaluation psychologique des patients dès leur prise en charge, ce qui doit permettre de leur expliquer les conséquences physiques et sexuelles des traitements. « Les modifications neuropsychologiques sont influencées par la qualité de l'annonce du diagnostic, des traitements, et des modalités de surveillance », écrivent les rapporteurs Richard Villet et coll. tout en précisant que les retentissements psychiatriques, rares, sont « étroitement liés » à l'état antérieur à la maladie. 
L'Académie demande que les règles du « droit à l'oubli », gérées par la convention AERAS tripartite entre pouvoirs publics, professionnels de la banque et assureurs, soient adaptées régulièrement, en fonction des évolutions du pronostic des cancers. 
Introduit dans la loi de 2016 de modernisation de notre système de santé, et entré en vigueur en janvier 2017, le droit à l'oubli fixe à 10 ans maximum après la fin du protocole thérapeutique le délai au terme duquel aucune information médicale relative aux pathologies cancéreuses ne peut être demandée par les organismes assureurs, et à 5 ans pour les cancers survenus avant 18 ans. Pour certains types de cancer au risque très faible de rechute, ce délai peut être raccourci, souligne l'Académie. 
Enfin, l'Académie alerte sur la nécessité d'investir au niveau de la nomenclature des actes pour que la mise en place d'un programme personnalisé de l'après-cancer (PPAC) ne soit pas qu'un vain mot. Ainsi, si depuis mars 2017 une activité physique adaptée peut être prescrite, il n'existe pas de cotation et le remboursement est aléatoire. 

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