Selon les premiers résultats d'une enquête menée par l'Association française fédérative des étudiants en psychiatrie (Affep), présentés au congrès de l'Encéphale à Paris le 24 janvier, les internes en psychiatrie (sur 382 répondants) déclarent à 84,6% avoir déjà été témoins directs d'une situation de violence envers un soignant au cours de leur exercice durant l'internat. Plus de 52% déclarent avoir été personnellement victimes de violence. Il s'agit majoritairement de violence verbale (83,1%) et physique (80,9%), mais aussi sexuelle (1,1%). Si dans la grande majorité des situations les auteurs de ces violences sont des patients ou leur famille, 12,6% des cas signalés sont le fait d'autres soignants et 3,8% "d'autres professionnels de l'hôpital".
Cette enquête sur les internes "confrontés à la violence lors de leur exercice" a été lancée en novembre 2017, en écho au guide de la Haute Autorité de santé (HAS) publié fin 2016 (lire notre article), sur la prévention et gestion des épisodes de violence des patients hospitalisés en psychiatrie, a précisé Mélanie Trichanh, élue au bureau de l'Affep. L'association s'est donc intéressée à la problématique et appelle les internes à une large participation pour conforter les premiers résultats. Si ces chiffres ne sont que préliminaires, de premières tendances se dégagent, et certaines ne manquent pas de poser question sur les conditions de travail des internes, a-t-elle relevé, notamment en établissement de santé. D'ailleurs, des analyses sur les résultats sont en cours, par exemple sur les types de violence et "certains internes nous ont sollicités par rapport à la "violence institutionnelle"", a indiqué Mélanie Trichanh.
Dans 86% des cas, les faits de violence ont lieu "lors de l'exercice quotidien". Si dans la majorité des situations, ces internes sont accompagnés (notamment d'infirmiers), a souligné l'élue de l'Affep, il y a "quand même" 11,4% des répondants qui indiquent avoir dû faire face seuls à l'épisode violent — "sans infirmier ni chef". D'autres éléments recueillis "qui peuvent aussi participer à l'épuisement professionnel" interrogent sur les conditions d'exercice : 7,6% des internes déclarent ne s'être "jamais sentis soutenus" par leur hiérarchie ("chefs ou institutions"), et dans près plus de 62% des cas, aucune réunion d'équipe post-incident n'a eu lieu. "On se demande ce que l'interne rapporte chez lui après cet épisode-là", a commenté Mélanie Trichanh.
Enfin, ces épisodes ont souvent eu un impact sur la suite de l'internat, pour près de 40% des répondants : 35% ressentent une appréhension lors du retour en service, 2,7% ont eu un arrêt de travail consécutif à ces cas de violence et 1,6% ont fait une demande de disponibilité. Enfin, certains ont témoigné via le questionnaire avoir changé de spécialité (entre psychiatrie adulte et pédopsychiatrie) à la suite de tels épisodes violents.
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