The Canadian Journal of Psychiatry publie une étude réalisée au Québec sur les caractéristiques comparées de l’anorexie mentale, selon que les jeunes patientes sont déjà ou ne sont pas encore pubères. Ces comparaisons portent sur deux groupes de jeunes filles, 19 prépubères (âgées en moyenne de 12,2 ± 0,8 ans) et 126 pubères (âgées en moyenne de 15,4 ± 1,4 ans) suivies pour anorexie mentale et sollicitées pour répondre à plusieurs questionnaires tels que : Eating Disorder Inventory-3[1] (Bilan des troubles de l’alimentation), Inventory of Parent and Peer Attachement[2](Évaluation de l’attachement aux parents et aux pairs), Beck Depression Inventory... Le choix de la date des premières règles (ménarche) comme référence s’explique par l’objectivité de ce critère et par le fait qu’il « n’ implique pas une évaluation médicale intrusive » du stade pubertaire selon les critères de Tanner[3] : pilosité pubienne, bourgeons mammaires...
Pas de différences en dehors d’un IMC plus faible encore
Cette étude confirme la « rareté relative » de l’anorexie mentale prépubère (environ 5 à 15 % des cas). Mais à l’exception d’un score d’IMC (en moyenne 13,9 ± 1,4 kg/m²) plus faible chez les patientes anorexiques non pubères par rapport aux jeunes filles déjà réglées, ce qui fait apparaître les premières comme « particulièrement et davantage amaigries que les autres » (p < 0,05), les résultats aux divers questionnaires ne montrent que « peu ou pas de difficulté sur les plans personnel, familial et social » et ne révèlent « aucune distinction » entre les patientes prépubères et celles plus âgées. Pour les auteurs, ces résultats « contribuent à remettre en question la compréhension actuelle de l’anorexie mentale prépubère » (considérée classiquement comme d’un « plus mauvais pronostic et liée à une plus grande résistance au traitement ») et « la capacité (de ces très jeunes filles) à rapporter leurs propres difficultés. » Et dans la mesure où des évaluations basées sur les réponses de plusieurs répondants (comme les parents ou l’entourage) sont généralement « supérieures à des évaluations reposant sur un seul intervenant » (en l’occurrence la jeune patiente elle-même), les auteurs préconisent d’élargir ultérieurement ces recherches, en recourant cette fois à « des répondants multiples » pour renseigner les questionnaires permettant « l’établissement de profils cliniques. »
Dr Alain Cohen
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