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lundi 22 janvier 2018

Contre la souffrance des soignants, l'association SPS lance la formation de plus de 450 sentinelles


L'ambition de l'association Soins aux professionnels de santé est de créer un maillage national de "sentinelles" pour détecter la souffrance au travail dans le secteur. Les formations ont débuté et connaissent un grand succès. L'objectif ? Former 450 professionnels dès cette année. Ce 18 janvier, Hospimedia a assisté à la deuxième session.

Ils sont psychologue, infirmier, kinésithérapeute, médecin ou encore orthophoniste. Leur point commun ? L’envie de lutter contre la souffrance au travail chez les professionnels de santé. Ils ont participé, ces 18 et 19 janvier, à la deuxième session de formation dispensée par les associations Soins aux professionnels de santé (SPS) et Souffrance et travail, au sein des locaux parisiens de leur partenaire Ampli Mutuelle.
"Notre objectif, c’est le résultat. Nous accueillons toutes les bonnes volontés. Mais on ne s’improvise pas spécialiste de la prise en charge des professionnels de santé, cela nécessite une formation."

Catherine Cornibert, docteur en pharmacie, membre de SPS.
Ce matin du 18 janvier, en ouverture de la première journée de formation, ils sont une vingtaine autour de la table. Venus de toute la France, ils sont là pour "trouver des clés", confie une participante. Des clés pour aider leurs semblables, dans un contexte de souffrance accrue au travail. En témoigne les chiffres dévoilés dans les dernières enquête de SPS (lire notre article). Déceler le mal-être, écouter et surtout orienter les soignants en souffrance. C’est l’ambition de cette formation. Aux commandes, Marie Pezé, docteur en psychologie, psychanalyste et fondatrice de Souffrance et travail. "Cette formation est centrée sur l’analyse du travail et sur une approche des personnes fragiles", confie-t-elle. Donner des outils d’analyse mais aussi des notions juridiques, tel est l’enjeu de ces deux jours.

Témoignage

Dans la salle ce 18 janvier, l’attente est forte. À l'image de Jeanne Gérardin, orthophoniste au sein du CHR de Metz-Thionville (Moselle). Elle est aussi représentante du personnel et particulièrement sensible aux questions de qualité de vie et souffrance au travail. "La souffrance au travail est une réalité, elle s’exprime tous les jours dans mon établissement. J’ai découvert l’association en 2017 et la possibilité d’être formée pour transmettre sur le territoire. C'est important d'apprendre à déceler la souffrance et de savoir trouver des solutions. Avec le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), nous misons sur la prévention et nous souhaitons créer une dynamique pour les agents du CHR. J'espère ici trouver des conseils", confie-t-elle.

Créer un maillage national


La force de cette formation ? "Sa pluridisciplinarité. La diversité des professions, des modes d’exercice, des expériences rencontrées est très riche. Il y a beaucoup d’échanges, chacun est force de proposition", détaille Marie Pezé. Et surtout, cela permet à chacun de sortir de son isolement, première étape de la constitution d’un réseau national. "Dans les témoignages des participants, on entend la solitude, l’isolement. Ils nous disent : j’ai été mal à un moment donné et je n’ai eu personne vers qui me tourner. Notre rôle à nous est d’informer, de montrer que personne n’est seul et qu’il ne faut de toute façon pas rester seul face à cette souffrance", détaille le président de SPS, le Dr Éric Henry. "Notre objectif, c’est le résultat. Nous accueillons toutes les bonnes volontés. Mais on ne s’improvise pas spécialiste de la prise en charge des professionnels de santé, cela nécessite une formation", complète Catherine Cornibert, docteur en pharmacie, qui dirige les actions de SPS.

L'ambiance est détendue pendant la formation SPS, mais les attentes restent fortes.
L'ambiance est détendue pendant la formation SPS, mais les attentes restent fortes.


SPS ambitionne ainsi de former plus de 450 sentinelles par an au sein du réseau, et ce dès cette année. Des formations gratuites sont délivrées aux adhérents de l’association. Deux sessions parisiennes sont de nouveau prévues. Une autre se tiendra au printemps à Montpellier (Hérault). Elles devraient se développer dans toutes les régions de France, avec l’ambition de ne laisser personne sur le bord de la route. Catherine Cornibert le reconnaît : "On avance progressivement. Nous avons d’abord calé trois dates de formation sans savoir vraiment si elles allaient trouver un public. Mais la demande est forte, le besoin est réel ". Les inscriptions et informations sont disponibles sur le site de l'association.
"Idéalement, nous souhaitons que les hospitaliers aient accès à un suivi en ville et réciproquement. Une manière de maintenir la discrétion. Quand on est soignant, on ne prend pas ou peu d’arrêt de travail. C’est délicat pour un hospitalier de se confier au sein de sa structure."

Éric Henry, président de SPS.
SPS publiera d’ailleurs en février sur son site, la carte de France de son réseau. Un annuaire de ces sentinelles devrait aussi voir le jour. "L’idée, c’est aussi de réfléchir à la possibilité d’une prise de contact via le site avec un professionnel du réseau de son choix, nous réfléchissons à la création d’un outil informatique qui permette cela", ajoute Éric Henry. Le rêve de l’équipe : que chaque personne en souffrance trouve le bon interlocuteur, puis la bonne prise en charge quand elle le nécessite. Le tout dans le respect du secret médical. "Idéalement, nous souhaitons que les hospitaliers aient accès à un suivi en ville et réciproquement. Une manière de maintenir la discrétion. Quand on est soignant, on ne prend pas ou peu d’arrêt de travail. C’est délicat pour un hospitalier de se confier au sein de sa structure", illustre le président. Discrétion et personnalisation sont donc les maîtres-mots de la prise en charge. Des principes déjà mis en place au sein de la plateforme téléphonique de SPS, animée par des psychologues, et qui en septembre dernier avait déjà reçu plus de 2 000 appels.

Aller au-delà du soin

Le soutien proposé se veut en outre plus large que la prise en charge médicale et l’écoute. Un partenariat est ainsi en réflexion avec chaque union régionale des professionnels de santé (URPS), pour que dans chacune de ces structures, un référent deviennent "tuteur" administratif de la personne en souffrance. "Les tâches administratives seront gérées par ce tuteur, ce qui permettra au professionnel de ce concentrer sur sa guérison, sa reconstruction. Et de ne pas re-sombrer dans le risque de burn out face à la charge administrative à la reprise de son activité", illustre le président de SPS.
À petits pas, l'association entend ainsi faire bouger les choses. Le 7 février prochain, elle tiendra son assemblée générale et intégrera de nouveaux représentants. "Des représentants hospitaliers feront leur entrée au sein de notre association. C’est un symbole fort, les choses bougent", confie Éric Henry. Des rapprochements sont à l'ordre du jour également avec la commission santé du médecin anesthésiste-réanimateur au travail (Smart) créée par le Collège français des anesthésistes-réanimateurs (Cfar), également très impliqué dans ces problématiques. Quid du numéro "unique" lancé par le Conseil national de l’ordre des médecins en décembre dernier ? (lire notre article) "Il y a de la place pour tout le monde, cela répond à la diversité des besoins et des situations", répète Éric Henry, qui ne désespère pas de voir un jour un réseau national et une plateforme unique pour gagner encore en efficacité.
Gagner en puissance, cela passe enfin par la professionnalisation du réseau et sa reconnaissance par les instances officielles. "Nous avons mis le sujet sur le haut de la pile, il n’en redescendra pas", clame le président. Les formations telles que celle dispensée ce jour-là pourraient d’ailleurs intégrer le catalogue de formation de l’Agence nationale du développement professionnel continu (DPC). Il faut pour cela que la thématique soit incluse dans les priorités définies par le ministère en charge de la santé. SPS l’assure, ce n’est qu’une question de temps.


S'ouvrir aux administratifs

Parce que la souffrance au travail, dans le secteur de la santé, touche tous les personnels, l'association Soins aux professionnels de santé annonce sa mutation. En février, elle devrait officiellement devenir Soins aux professionnels en santé. Un mot qui change beaucoup, puisque le soutien sera désormais ouvert à tous les professionnels du secteurs, y compris les cadres et agents administratifs.
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L'ambiance est détendue pendant la formation SPS, mais les attentes restent fortes.
Clémence Nayrac

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